• Le deuil...

     

    Des pétales fuchsia

    Viennent étreindre mon âme

    Au chant d’un magnolia

    Qu’une brise desquame

     

    Le ciel même est sans charme

    Infiniment cendré

    Et se gorge des larmes

    Des tombes bigarrées

     

    Un vieil arbre salive

    Sur les flancs d’un parterre

    Là où quelques fleurs vives

    Flattent un morne inventaire

     

    Alignées sous les pleurs

    Et le dédain des croix

    Les ultimes demeures

    N’invitent qu’à l’effroi

     

    La funeste complainte

    Des mésanges égarées

    Laisse la foule éteinte

    Seule et désemparée…

    ©


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  • Quelques pierres de sucre...

     

    Quelques pierres de sucre,

    Que nous jetâmes un soir,

    Sur l’onde de nos vies.

     

    Est montée une brume,

    Essences de nos cœurs,

    Là, juste entrelacés.

     

    Tantôt il a fait froid,

    Le givre sur nos cils

    Est devenu diamant.

     

    Et même s’il a plu,

    Ce furent avant tout

    Les larmes de l’espoir.

     

    Parfois il a fait mal,

    Nous nous sommes soignés,

    Réfugiés sous nos âmes.

     

    Un parfum d’autrefois,

    Des fragrances de fleurs,

    Nous ont offert mémoire.

     

    Une tendre chaleur,

    Nos sourires étoilés,

    Nous ont dit l’avenir…

    ©


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  • Sur le trait d'horizon...

     

    Ils glissent sans raison

    Je les vois défiler

    Sur le trait d’horizon

    Presque se faufiler

     

    En cortège éphémère

    Avant de disparaître

    Ils caressent la mer

    S’y abreuvent peut-être

     

    Puis deviennent pinceaux

    Pour dessiner les ombres

    De bien troublants vaisseaux

    En quête de pénombre

     

    Au soleil apaisé

    Entrouvrent une fenêtre

    Pour qu’il aille embraser

    Le crépuscule en maître

     

    Tout n’est lors que silence

    Subtilement brodé

    Par la douce indolence

    D’une brise iodée

     

    Improbables navires

    Ce n’est qu’une nuit sage

    Qui viendra me ravir

    Ces étonnants nuages…

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  • Une toile posée...

     

    Une toile posée

    Au-dessus du bureau

    Sombre meuble couvert

    De mes rêves épars

     

    Une toile évasion

    Qui se pare d’azur

    Pour fêter le cortège

    Des nuages tranquilles

     

    Une toile vivante

    Qui égrène les heures

    Laissant même à la nuit

    Le mystère des ombres

     

    Une toile mouvante

    Que le vieux pin sylvestre

    Dans les bras de la brise

    Semble là caresser

     

    Une toile en prison

    Quand ses blancs croisillons

    Viennent me découper

    Un ciel froid qui sanglote

     

    Une toile prison

    Pour mon corps à l’ouvrage

    Penché dessus la feuille

    Qui vous conte mon âme…

    ©


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  • Sur les chemins d'ailleurs...

     

    Sur les chemins d’ailleurs

    Mes désirs violentés

    Insultent là le soir

    Il y fait déjà sombre

     

    J’entends claquer la porte

    Aux rives de mon âme

    Psaume d’un souvenir

    Ou d’une joie trop lasse

     

    Il se peut que s’essoufflent

    Ces rires qui pourtant

    Fleurissaient au matin

    Et que je n’entends plus

     

    Mes vieilles gourmandises

    Sont venues avant-hier

    Tristement me conter

    Leurs plaisirs disparus

     

    Est arrivé le temps

    Des jadis, des naguères

    Même la nostalgie

    A voilé mes sourires

     

    Étendu, là, fragile

    Sur ma couche chagrine

    Compter les heures froides

    Brûler d’une aube neuve…

    ©


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