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Un épais crépuscule,
Ses coulisses dorées
Pour un soir qui bascule
Sous son dais mordoré.
Une brise distraite
Qui ne sait où souffler
Paresseuse, furète,
Sans même s'essouffler.
Quelques oiseaux repus
Esquissent dans le ciel
Leurs cascades rompues,
Aux grâces irréelles.
L'incessant clapotis
Qui enveloppe l'île
Comme un doux chuchotis
Infiniment subtil.
Et l'océan, toujours,
Qui déploie là sa traîne
Empruntant au vieux jour
Ses teintes souveraines.©
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Insomnies, pauvres garces
Vous baisez mes angoisses
Et par vos tristes farces
Rendez mes veilles crasses.
Vos lourdes impatiences
Dans le temps qui se traîne
Signent les défaillances
De matins schizophrènes.
Jours tronqués, nuits hirsutes,
La vie qui s’effiloche,
La santé cette pute
Qui vient me faire les poches.
Comme il pleut sur mon âme
En ces heures de cendres
Quand la faucheuse infâme
Semble là m’y attendre.
Alors, inquiet, je feins
D’ignorer cette engeance
Je me gave sans faim
De livres et de silence…
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Il patouillait parfois,
Des reliefs d’une pluie,
Et rêvait que la lune
À la nuit s’y allume.
Il s’amusait souvent
Du babil des amants
Dont les fausses promesses
S’égaraient dans le vent.
Il enlaçait la lande,
Cette vieille râpeuse,
La bordant quelquefois
D’un fin drap de poussière.
Il désignait là-bas
Quelques contours marins
Puis reprenait son cours
Sans vouloir s’y baigner.
Il sanglotait aussi
En un long crissement
Quand passait un cortège
Au cul d’un corbillard.
Probablement lassé
De ne plus nous guider,
Se couvrit, un peu triste,
D’une couette de ronces.
Alors, qui s’en souvient ?
Peut-être ce vieillard
Qui, tout petit enfant,
Un soir s’y écorcha…
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Là, dans le firmament
Glisse une lune sourde,
Le ciel, infiniment,
A les paupières lourdes.
Il neige du silence,
La brise se faufile
En molle nonchalance
Sur les dunes de l’île.
Des ombres se dessinent
Inondant d’autres ombres,
Le sable se calcine
En cendres de pénombre.
L’estran se dissimule
Et la mer s’impatiente,
Un faisceau déambule
Telle braise fuyante.
Discrets mais fascinants,
Même les Courreaux* dorment
Tout près du continent
En frise filiforme.
Au cœur de sombres landes,
Lorient fait la chenille,
Ses lumières guirlandent
Et l’horizon scintille…
* Les Courreaux de Groix sont des bas-fonds rocheux situés entre l'île de Groix et la côte lorientaise.Ils sont redoutés par les navigateurs en raison de la force importante des courants en cet endroit, particulièrement lors des marées à fort coefficient.
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Quand je le vis paraître,
Éteignant les quinquets,
J’entrouvris ma fenêtre
Au matin qui toquait.
Dans son aube chassieuse,
Revêtu de chagrin,
Ses larmes silencieuses
Se fondaient dans les grains.
Seuls, les arbres bruissaient
Fouettés par son haleine,
Ce souffle sans excès
Qui me confia sa peine.
Début d’un jour de juin
Travesti en novembre
Aussi poisseux que suint
Aux nuances de l’ambre.
L’océan invisible,
Étonnamment tranquille,
Attendait impassible
Qu’il décampât de l’île…
©
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