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Morne antienne sur Groix,
Soliloque savant,
J’entends, oui, je le crois,
Comme hululer le vent
Lors, la mer en colère,
Éructe sans répit
Sur la belle insulaire
Sa hargne et son dépit.
Les lumières moisissent,
Mêlant le gris au gris
Les brumes s’obscurcissent
Et se diluent aigries.
Ne reste que l’humide
Celui qui colle et glace
Ce souffle, faux-timide,
À l’haleine salace.
Et toujours cette plainte
Qui jamais ne désarme
Au point que l’île suinte
D’étranges et troubles larmes…
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Quelques brumes qui fuient,
Cheveux bruns dans le ciel
Lors, la lune s'éteint,
L'océan peut rêver.
Bruisse, distrait, le vent,
Invisible et secret,
Il se dit que là-bas,
Une chouette s'en plaint.
La plage goûte encore
Les dentelles salées
Venues s'amouracher
D'algues sombres en partance.
Le chemin se tortille
Et revêt, frissonnant,
Un voile de grenat
Que l’onde lui tissa.
Seuls, les rochers se taisent,
Indifférents et noirs,
Ils veillent dans la nuit
Sur un sabbat d'étrilles.
Il arrive avant l’aube,
Que sanglote le ciel,
Quelques larmes heureuses,
Aux fragrances exquises.
Couche-toi sur le sable
Écoute-donc ce chant
Il nous conte l'amour
De la mer et d'une île...
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Mystérieux ostensoir,
Fanal de grande hune,
Je reçus en ce soir
Un baiser de la lune.
Comme un souffle, un zéphyr,
Il vint là me charmer,
Surgi du noir porphyre,
D'étoiles essaimées.
Baignant l'île aux grenats
Que la nuit vit éclore,
La mer en frissonna
Je crois l'entendre encore.
Un air ensorceleur
Qui ravit le printemps
Teinté de mille fleurs
Aux parfums envoûtants.
Ce ne fut pas un rêve,
Bien souvent, au couchant,
Quand la belle se lève,
Monte à nouveau ce chant.
Penché à ma fenêtre,
Nimbée de lueurs brunes,
Je me dis que peut-être?
Me reviendra la lune…
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J’entends hurler le vent
Et des arbres se tordre,
Leur chahut éprouvant
Dans un furieux désordre.
Mélopée entêtante,
Quand monte du rivage
La clameur haletante
De l’océan sauvage.
La plage disparaît
Sous l’assaut de la houle
Qui ivre, sans arrêt,
Crache encore et s’enroule.
Quelques oiseaux pourtant
Se hasardent à planer
Faisant naître au portant
Une danse ordonnée.
Virtuoses ceux-là
Qui jamais ne se lassent
D’invisibles entrelacs
Dont le sens nous dépasse…
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Dans le ciel, le soleil,
Encore un peu timide,
Tant fut long son sommeil,
Tant l’hiver fut humide.
Dessous, la mer s’ébroue,
Peuplée de coiffes blanches,
Au bas d’un vallon roux
Où un ruisseau s’épanche.
Le vent reste bien frais
Mais les oiseaux s’en moquent,
Tout en gardant secret
Leur singulier colloque.
Il se dit, ça et là,
Que toque le printemps,
Doucement, sans éclat,
Parfois même inconstant.
À l’ombre des charmilles,
De feuilles fagotées,
Primevères et jonquilles
Me l’ont tôt chuchoté…
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