-
Par Philippe Dagorne le 30 Mars 2024 à 12:45
Impalpables horizons
Où les bleus et les gris
Où les ors et les rouges
S’entremêlent aquarelles
L’océan pour lavis
Et pour feuille le ciel
Le rêve là se pose
Mais jamais ne s’achève
Les couleurs se confondent
Se barbouillent et se brouillent
En merveille vivante
Une osmose un coït
Les contempler toujours
Ils sont art et sagesse
Leur seule immensité
Sans cesse repoussée
Nous ramène sans bruit
À notre petitesse
Et à nos prétentions
Leur déploiement sans fin
Devrait nous enseigner
D’abord l’humilité
Et surtout cette chance
Que nous avons de vivre
©Ph Dagorne
votre commentaire -
Par Philippe Dagorne le 22 Mars 2024 à 18:58
Nostalgie en jachère
Souvenirs barbouillés
Le passé se raconte
Mais le passé me ment
Par instants très fugaces
Il vient là parader
Habillé du meilleur
C’est un peu voyez-vous
Comme si tout à coup
Il frappait à la porte
De ma vieille conscience
Juste pour s’excuser
D’avoir souvent manqué
D’un peu de bienveillance
Ses fripes d’opérette
Sentent la naphtaline
Comment pourrais-je croire
Ce sournois turlupin
Quand il vient me conter
Que c’était mieux avant
©Ph Dagorne
votre commentaire -
Par Philippe Dagorne le 20 Mars 2024 à 17:17
Tout au fond du vallon
Une larme s’étonne
Une larme se presse
Ta maison s’ensommeille
Et Kermanio sanglote
Cabinet des sœurs Ingues
Tu étais infirmière
Te voilà donc partie
Emportant tous tes rires
Nous laissant nos délires
Redevenus enfants
Que de soirées passées
Voire des nuits entières
À colorer le monde
En apéros sans fin
Et danser sans compter
Sur ces rythmes enjoués
Imprégnés de soleil
Que tu affectionnais
Puis Nanou entonnait
Devant ta cheminée
Et sur tant d’autres scènes
Un balai pour micro
« Come on the rising wind »
Des Credence clearwater
Il arrivait aussi
Que Piaf s’y invitât
Aujourd’hui la vallée
Observe le silence
Toute habillée de brume
Tel un dais étalé
Sur nos folies perdues
Bon voyage Michèle
Je pense que déjà
Tu es sur l’autre rive
Puisses-tu retrouver
Ceux que tu as aimés
Tu sauras leur offrir
Le secret de tes fêtes
En attendant qui sait
Prochaines retrouvailles
©Ph Dagorne
votre commentaire -
Par Philippe Dagorne le 13 Mars 2024 à 23:17
Les lueurs subclaquantes
D’un singulier couchant
Barbouillaient sur mon âme
L’esquisse décevante
De mon inconséquence
Fabrique à souvenirs
Comme à son habitude
Le temps fuyait penaud
Honteux chaque seconde
D’effacer le présent
Je me vautrais sans but
Devant l’écran plasma
D’une histoire oubliée
Puis vint l’heure ignorante
D’un fatal requiem
Et douze coups sonnèrent
À ton ouïe inflexible
Sourde comme ta plainte
Et ton ultime chute
Nous étions le quatorze
Verdi lui me berça
Et je pus m’enfoncer
Dans ce sommeil perfide
D’où l’on revient morose
Tu étais déjà loin…
Oui, le 13 mars 2022, avant de m’endormir, j’écoutais l’envoûtant Requiem de Verdi. Après minuit l’étrangeté des chœurs interprétant l’Agnus Dei finit par me bercer et je m’endormis…
https://www.youtube.com/watch?v=YyTf4SzC57Q&t=195s
Rue Dupuy de Lôme, tu nous avais quittés pour toujours. Voyage sans retour, exil sans nouvelles, cap inconnu, un Ailleurs ? Le néant ? Où donc cette fois, s’est amarrée ta barque ? Quel ciel tourmenté ou radieux a vu s’affaler ta voile ? Ta grande silhouette ombre-t-elle encore les pontons d’un port où il fait mieux vivre ? Tes cendres dispersées ne sont-elles ici que le signe éthéré puis mystique de ta fière présence ? Ou, beaucoup plus simplement, à tout jamais une intangible preuve de ton effacement ?
Prier ? Je ne sais plus prier. L’ai-je d’ailleurs su un jour ? Je ne faisais là, qu’ânonner, pareilles à des mantras, les supplications apprises auprès d’ensoutanés qui me tenaient soumis. Asservi à leurs sournois pouvoirs, parfois même à leur fanatisme mais surtout astreint à adorer un Dieu pathétiquement humain. Divinité que ces religieux utilisaient plus comme outil d’obéissance et de renoncement que comme idéal d’amour et de partage à atteindre à l’heure du trépas pour une éternité sereine.
©Ph Dagorne
Crédits photos Martine le Pévédic, Deutsche Grammophon.
Montage personnel
2 commentaires -
Par Philippe Dagorne le 12 Mars 2024 à 16:45
La nuit s’est aveuglée
De vieux rêves abscons
D’invisibles pluies fines
Lavandières étonnées
D’un jardin mutilé
Gueule ouverte une ornière
S’est gavée de cette eau
Qui cherchait son chemin
Allez savoir pourquoi
Le vent en prit ombrage
Une nouvelle fois
Contrarié et grognon
Se leva violemment
Balaya la campagne
Un long chêne un peu gauche
Tout enlierré de feuilles
S’affala foudroyé
Embrassant lourdement
Un bitume fuyant
Il comprit néanmoins
Qu’aux premières lueurs
Il serait tas de bois
©Ph Dagorne
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique