•  À méditer…

     

    Impalpables horizons

    Où les bleus et les gris

    Où les ors et les rouges

    S’entremêlent aquarelles

    L’océan pour lavis

    Et pour feuille le ciel

    Le rêve là se pose

    Mais jamais ne s’achève

    Les couleurs se confondent

    Se barbouillent et se brouillent

    En merveille vivante

    Une osmose un coït

     

    Les contempler toujours

    Ils sont art et sagesse

    Leur seule immensité

    Sans cesse repoussée

    Nous ramène sans bruit

    À notre petitesse

    Et à nos prétentions

    Leur déploiement sans fin

    Devrait nous enseigner

    D’abord l’humilité

    Et surtout cette chance

    Que nous avons de vivre

                                        ©Ph Dagorne

     


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  • Le passé...

     

    Nostalgie en jachère

    Souvenirs barbouillés

    Le passé se raconte

    Mais le passé me ment

     

    Par instants très fugaces

    Il vient là parader

    Habillé du meilleur

     

    C’est un peu voyez-vous

    Comme si tout à coup

    Il frappait à la porte

    De ma vieille conscience

    Juste pour s’excuser

    D’avoir souvent manqué

    D’un peu de bienveillance

    Ses fripes d’opérette

    Sentent la naphtaline

     

    Comment pourrais-je croire

    Ce sournois turlupin

    Quand il vient me conter

    Que c’était mieux avant

     

                                            ©Ph Dagorne

     


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  • Pour Michelle...

    Tout au fond du vallon

    Une larme s’étonne

    Une larme se presse

    Ta maison s’ensommeille

    Et Kermanio sanglote

     

    Cabinet des sœurs Ingues

    Tu étais infirmière

    Te voilà donc partie

    Emportant tous tes rires

    Nous laissant nos délires

     

    Redevenus enfants

    Que de soirées passées

    Voire des nuits entières

    À colorer le monde

    En apéros sans fin

    Et danser sans compter

    Sur ces rythmes enjoués

    Imprégnés de soleil

    Que tu affectionnais

    Puis Nanou entonnait

    Devant ta cheminée

    Et sur tant d’autres scènes

    Un balai pour micro

    « Come on the rising wind »

    Des Credence clearwater

    Il arrivait aussi

    Que Piaf s’y invitât

     

    Aujourd’hui la vallée

    Observe le silence

    Toute habillée de brume

    Tel un dais étalé

    Sur nos folies perdues

     

    Bon voyage Michèle

    Je pense que déjà

    Tu es sur l’autre rive

    Puisses-tu retrouver

    Ceux que tu as aimés

    Tu sauras leur offrir

    Le secret de tes fêtes

    En attendant qui sait

    Prochaines retrouvailles

     

                                  ©Ph Dagorne


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  • Requiem... Deux ans !

    Les lueurs subclaquantes

    D’un singulier couchant

    Barbouillaient sur mon âme

    L’esquisse décevante

    De mon inconséquence

     

    Fabrique à souvenirs

    Comme à son habitude

    Le temps fuyait penaud

    Honteux chaque seconde

    D’effacer le présent

     

    Je me vautrais sans but

    Devant l’écran plasma

    D’une histoire oubliée

    Puis vint l’heure ignorante

    D’un fatal requiem

     

    Et douze coups sonnèrent

    À ton ouïe inflexible

    Sourde comme ta plainte

    Et ton ultime chute

    Nous étions le quatorze

     

    Verdi lui me berça

    Et je pus m’enfoncer

    Dans ce sommeil perfide

    D’où l’on revient morose

    Tu étais déjà loin…

     

    Oui, le 13 mars 2022, avant de m’endormir, j’écoutais l’envoûtant Requiem de Verdi. Après minuit l’étrangeté des chœurs interprétant l’Agnus Dei finit par me bercer et je m’endormis…

    https://www.youtube.com/watch?v=YyTf4SzC57Q&t=195s

     

    Rue Dupuy de Lôme, tu nous avais quittés pour toujours. Voyage sans retour, exil sans nouvelles, cap inconnu, un Ailleurs ? Le néant ? Où donc cette fois, s’est amarrée ta barque ? Quel ciel tourmenté ou radieux a vu s’affaler ta voile ?  Ta grande silhouette ombre-t-elle encore les pontons d’un port où il fait mieux vivre ? Tes cendres dispersées ne sont-elles ici que le signe éthéré puis mystique de ta fière présence ? Ou, beaucoup plus simplement, à tout jamais une intangible preuve de ton effacement ?

    Prier ? Je ne sais plus prier. L’ai-je d’ailleurs su un jour ? Je ne faisais là, qu’ânonner, pareilles à des mantras, les supplications apprises auprès d’ensoutanés  qui me tenaient soumis. Asservi à leurs sournois pouvoirs, parfois même à leur fanatisme mais surtout astreint à adorer un Dieu pathétiquement humain. Divinité que ces religieux utilisaient plus comme outil d’obéissance et de renoncement que comme idéal d’amour et de partage à atteindre à l’heure du trépas pour une éternité sereine.

                                                   ©Ph Dagorne

     

    Crédits photos Martine le Pévédic, Deutsche Grammophon.

    Montage personnel


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  • Tas de bois...

    La nuit s’est aveuglée

    De vieux rêves abscons

    D’invisibles pluies fines

    Lavandières étonnées

    D’un jardin mutilé

     

    Gueule ouverte une ornière

    S’est gavée de cette eau

    Qui cherchait son chemin

    Allez savoir pourquoi

    Le vent en prit ombrage

     

    Une nouvelle fois

    Contrarié et grognon

    Se leva violemment

    Balaya la campagne

     

    Un long chêne un peu gauche

    Tout enlierré de feuilles

    S’affala foudroyé

    Embrassant lourdement

    Un bitume fuyant

    Il comprit néanmoins

    Qu’aux premières lueurs

    Il serait tas de bois

                                      ©Ph Dagorne

     


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