• Une toile posée...

     

    Une toile posée

    Au-dessus du bureau

    Sombre meuble couvert

    De mes rêves épars

     

    Une toile évasion

    Qui se pare d’azur

    Pour fêter le cortège

    Des nuages tranquilles

     

    Une toile vivante

    Qui égrène les heures

    Laissant même à la nuit

    Le mystère des ombres

     

    Une toile mouvante

    Que le vieux pin sylvestre

    Dans les bras de la brise

    Semble là caresser

     

    Une toile en prison

    Quand ses blancs croisillons

    Viennent me découper

    Un ciel froid qui sanglote

     

    Une toile prison

    Pour mon corps à l’ouvrage

    Penché dessus la feuille

    Qui vous conte mon âme…

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  • Sur les chemins d'ailleurs...

     

    Sur les chemins d’ailleurs

    Mes désirs violentés

    Insultent là le soir

    Il y fait déjà sombre

     

    J’entends claquer la porte

    Aux rives de mon âme

    Psaume d’un souvenir

    Ou d’une joie trop lasse

     

    Il se peut que s’essoufflent

    Ces rires qui pourtant

    Fleurissaient au matin

    Et que je n’entends plus

     

    Mes vieilles gourmandises

    Sont venues avant-hier

    Tristement me conter

    Leurs plaisirs disparus

     

    Est arrivé le temps

    Des jadis, des naguères

    Même la nostalgie

    A voilé mes sourires

     

    Étendu, là, fragile

    Sur ma couche chagrine

    Compter les heures froides

    Brûler d’une aube neuve…

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  • Parle-moi de printemps...

     

    Parle-moi du printemps

    Toi, ma plume chagrine…

    Montre-toi un instant

    Guillerette et badine

     

    Parle-moi de la vie,

    Du soleil, de la brise.

    Je te voudrais ravie,

    Sautillante et moins grise…

     

    Parle-moi de voyages

    Et de contrées lointaines

    Où d’aimables nuages

    Jouent les sages fontaines.

     

    Parle-moi des enfants

    Qui ne veulent qu’aimer

    D’un bonheur triomphant

    Qu’ils sauront essaimer.

     

    Parle-moi d’amitié,

    De partage et d’entrain,

    Qu’au soir, à la veillée,

    Chantent mille refrains

     

    Parle-moi de tendresse

    De chaleur, de sourires.

    Décris-moi ces caresses

    Que le temps fait mûrir.

     

    Parle-moi de l’amour,

    De ses farces légères.

    Enseigne-moi humour,

    Ses folies passagères.

     

    Parle-moi d’avenir,

    D’espoir et d’idéal

    Que ne pourront ternir

    Leurs doctrines fatales…

     

     

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  • L'hiver me parle...

     

    Branches d’hiver

    Qui balayez la vitre morne

    Laissez errer les blancs flocons

    L’hiver me parle…

     

    Vallons blanchâtres

    Qui dessinez le froid torrent

    Laissez dansez les herbes mortes

    L’hiver me chante…

     

    Nuages fous

    Qui traversez le ciel glacé

    Laissez briller la lune muette

    L’hiver me trouble…

     

    Pâles couchants

    Qui chamarrez l’onde tranquille

    Laissez glisser vos rideaux d’or

    L’hiver me charme…

     

    Frimas sournois

    Qui violentez les frêles fleurs

    Laissez entrer le doux printemps

    L’hiver m’emporte…

     

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  • Mon remords...

     

    Il est venu toquer

    Ce matin, mon remords,

    Un peu interloqué

    Je l’ai laissé dehors

     

    Puis il m’a raconté

    Son éreintant voyage.

    J’avais moi escompté

    Qu’il fit au moins naufrage.

     

    Il venait du passé

    Dans ses fripes verdâtres

    Élimées et froissées

    Suintant une eau saumâtre

     

    Il était sale et moche

    Me toisait d’un œil torve

    Sous son gros nez en cloche

    Coulait un peu de morve

     

    Mais il se tenait là

    Sur le seuil affaissé

    Droit comme un échalas

    Mielleux et compassé

     

    Dans ses mains une boîte

    Aux couleurs effacées

    Une serrure étroite

    Un cadenas cassé

     

    D’un sourire édenté

    Couvercle grand ouvert

    Il me l’a présentée

    Pour me dire pervers

     

    « Ce que j’ai dans ce coffre

    C’est un peu de ta honte.

    Aujourd’hui, je te l’offre

    Tel un nouvel acompte »

     

    J’en avais les mains moites

    Et le cœur au galop

    J’ai regardé sa boîte

    Frémissant et pâlot

     

    J’en fus encore atteint

    Ils étaient là posés

    Ces souvenirs lointains

    Quand je n’ai pas osé

     

    Ces malheureux moments

    Ne me lâcheront pas

    Victime assurément

    Jusqu’au jour du trépas…

     

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