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Sur les chemins d’ailleurs
Mes désirs violentés
Insultent là le soir
Il y fait déjà sombre
J’entends claquer la porte
Aux rives de mon âme
Psaume d’un souvenir
Ou d’une joie trop lasse
Il se peut que s’essoufflent
Ces rires qui pourtant
Fleurissaient au matin
Et que je n’entends plus
Mes vieilles gourmandises
Sont venues avant-hier
Tristement me conter
Leurs plaisirs disparus
Est arrivé le temps
Des jadis, des naguères
Même la nostalgie
A voilé mes sourires
Étendu, là, fragile
Sur ma couche chagrine
Compter les heures froides
Brûler d’une aube neuve…
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Parle-moi du printemps
Toi, ma plume chagrine…
Montre-toi un instant
Guillerette et badine
Parle-moi de la vie,
Du soleil, de la brise.
Je te voudrais ravie,
Sautillante et moins grise…
Parle-moi de voyages
Et de contrées lointaines
Où d’aimables nuages
Jouent les sages fontaines.
Parle-moi des enfants
Qui ne veulent qu’aimer
D’un bonheur triomphant
Qu’ils sauront essaimer.
Parle-moi d’amitié,
De partage et d’entrain,
Qu’au soir, à la veillée,
Chantent mille refrains
Parle-moi de tendresse
De chaleur, de sourires.
Décris-moi ces caresses
Que le temps fait mûrir.
Parle-moi de l’amour,
De ses farces légères.
Enseigne-moi humour,
Ses folies passagères.
Parle-moi d’avenir,
D’espoir et d’idéal
Que ne pourront ternir
Leurs doctrines fatales…
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Branches d’hiver
Qui balayez la vitre morne
Laissez errer les blancs flocons
L’hiver me parle…
Vallons blanchâtres
Qui dessinez le froid torrent
Laissez dansez les herbes mortes
L’hiver me chante…
Nuages fous
Qui traversez le ciel glacé
Laissez briller la lune muette
L’hiver me trouble…
Pâles couchants
Qui chamarrez l’onde tranquille
Laissez glisser vos rideaux d’or
L’hiver me charme…
Frimas sournois
Qui violentez les frêles fleurs
Laissez entrer le doux printemps
L’hiver m’emporte…
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Il est venu toquer
Ce matin, mon remords,
Un peu interloqué
Je l’ai laissé dehors
Puis il m’a raconté
Son éreintant voyage.
J’avais moi escompté
Qu’il fit au moins naufrage.
Il venait du passé
Dans ses fripes verdâtres
Élimées et froissées
Suintant une eau saumâtre
Il était sale et moche
Me toisait d’un œil torve
Sous son gros nez en cloche
Coulait un peu de morve
Mais il se tenait là
Sur le seuil affaissé
Droit comme un échalas
Mielleux et compassé
Dans ses mains une boîte
Aux couleurs effacées
Une serrure étroite
Un cadenas cassé
D’un sourire édenté
Couvercle grand ouvert
Il me l’a présentée
Pour me dire pervers
« Ce que j’ai dans ce coffre
C’est un peu de ta honte.
Aujourd’hui, je te l’offre
Tel un nouvel acompte »
J’en avais les mains moites
Et le cœur au galop
J’ai regardé sa boîte
Frémissant et pâlot
J’en fus encore atteint
Ils étaient là posés
Ces souvenirs lointains
Quand je n’ai pas osé
Ces malheureux moments
Ne me lâcheront pas
Victime assurément
Jusqu’au jour du trépas…
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D’étonnantes ramures
Sur leurs ailes fragiles
Mon passé qui murmure
Des regrets malhabiles
Il fait froid en ce lieu
Qui bégaie les remords
Tels des renvois spécieux
Qui viennent là éclore
Leurs perfides violences
Me soumettent à présent
Aux sombres purulences
De maîtres malfaisants
Le verbe y a moisi
Dans l’austère grenier
Laissant ses fantaisies
À d’autres aumôniers
Sournoise hémorragie
Chargée d’humeurs infâmes
Troublante nostalgie
Tu assombris mon âme…
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