• Où ces titans se pressent...

     

     

    Piétiner dans la boue

    S’y sentir aspiré

    La vie n’est qu’un cloaque

    Ma vie est à la pluie

     

    Assister impuissant

    Au languide cortège

    De ces géants en gris

    Que l’on nomme nuages

    Sombres et impavides

    Je ne sais s’ils ressentent

    Cette extrême froidure

    Que le vent leur inflige

    Impassibles et sans bruit

    Ils rejoignent la nuit

    Sous le dais fallacieux

    Des ruses orientales

    Nul ne peut distinguer

    Où ces titans se pressent

    L’horizon leur futur

    A pour lors disparu

    Écorchant ce néant

    Le silence s’est tu

    Pour le brame lointain

    D’une corne de brume

    Filent ces pachydermes

    Désormais sans savane

    Les voilà revêtus

    À jamais de ténèbres

     

    J’ai senti comme un souffle

    Une tiède caresse

    J’ai aussitôt pensé

    À l’envolée d’une âme

     

                                                   ©Ph Dagorne

     


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  • Souvenirs émiettés...

     

    Une laisse de mer

    Une laisse de vie

    Souvenirs émiettés

    Reliques inutiles

     

    De l’ombre grandissante

    D’un trop précoce automne

    Crépuscule entamé

    Il ne restera rien

    Juste un ultime flux

    Et des vents cabochards

     

    Plus rien ne les signale

    Toutes voiles affalées

    Je fais cap au néant

    Avec pour seul espoir

    Une terre un ailleurs

    Mon enfant sur le quai

    Une histoire à revivre

    Un amour à se dire

     

    Ici tout est stérile

    J’y songe bien souvent

    Un manège sans frein

    Chaque tour plus grisé

    Spirale écarquillée

    Ce hardi casse-gueule

    Qui beuglait sous ma chambre

    Une boule est bouclée

    Décrochons cette chaîne

    Je me plais à rêver

    Dans de désuets flonflons

    D’y prendre mon envol

     

                                               ©Ph Dagorne


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  • Deux âmes suspendues...

     

     

    Deux pensées enlacées

    Et la lune là-haut

    Son murmure à la mer

    Dans l’inconnu du ciel

     

    Ce sont juste des mots

    Je sais ici leur source

    Deux âmes suspendues

    Deux êtres sublimés

    Pour une seule aura

     

    Cette rare lueur

    Née d’ondes singulières

    Porte beaucoup plus loin

    Que les faisceaux dansants

    De nos phares veilleurs

     

    C’est un peu ça l’amour

    Sentiment absolu

    Dépourvu de défense

    Parfois sans lendemain

    Souvent vite émoussé

     

    Tout est donc imparfait

    En ce monde insondable

    Alors une espérance

    Vivre jour après jour

    Tout en se persuadant

    À chaque nouveau soir

    Qu’il est bien le dernier

     

                        

                                                           ©Ph Dagorne


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  • Absence...

     

    C’est un froid ciel de plumes

    Uniformément gris

    Un unique nuage

    De risées et de brumes

     

    Il n’est point d’horizon

    Et la mer et les nues

    Se confondent maussades

    C’est un jour de cafard

     

    Comme un voile idéel

    Pour vêtir ma tristesse

     

    Aussi loin que je puisse

    Porter mon bleu regard

    Je ne vois que chagrin

    Et sourde solitude

     

    Jadis ce mois de mars

    M’apportait le printemps

    Ses premières chaleurs

    Les ornements fleuris

    D’une vraie renaissance

     

    Désormais ses effets

    Suintent de nostalgie

     

     

    L’avenir m’interdit

    Un futur apaisé

     

    L’avenir me retient

    Dans un passé stérile

     

    L’avenir me tourmente

    De supplices muets

     

    L’avenir me reproche

    De poursuivre ma route

     

    L’avenir me condamne

    À mon propre procès

     

    Où donc t’es-tu perdu

    Mon amour mon enfant

     

    Est-il un océan

    Que tes voiles caressent

     

    Même si le soleil

    Tout à coup s’imposait

    Je serais incapable

    D’en espérer ton ombre

     

                                              

                                                      ©Ph Dagorne


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  • Pleure le glas...

     

                                                                           

    Pleure ce glas encore

    Sa fine onde fragile

    Fend une brume d’or

    Éthérée immobile

     

    Pleure ce glas toujours

    Sur ma vie dévastée

    Lancinant chaque jour

    Je me dois d’exister

     

    Pleure ce glas lointain

    Lui qui si fort résonne

    En moi chaque matin

    Que m’offre mon automne

     

    Pleure ce glas cynique

    Sur cet être damné

    Sur ses ragots iniques

    Qui vinrent te faner

     

    Pleure ce glas sans fin

    Qui m’habite et m’enivre

    Ô mon enfant défunt

    Comment donc te survivre

     

    Pleure ce glas funeste

    En cette pleine année

    Pas une âme céleste

    N’a su te ramener

     

    Pleure ce glas profane

    Quand d’échos en rumeurs

    Ta présence diaphane

    Se dissipe et puis meurt

     

    Pleure ce glas étrange

    Qui tinte dans mon cœur

    Où donc es-tu mon ange

    Puisses-tu vivre ailleurs

     

     

     

     

                                                                                      ©Ph Dagorne


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