-
Je me suis enfermé
Tout seul avec le vent
Dans une fine bulle
Et puis je l’ai laissé
M’emporter tout au loin
Très loin plus loin encore
Là où le ciel est bleu
Et toujours parfumé
Là où les eaux turquoises
D’une mer nourricière
Jamais ne se chagrinent
Là où les grands voiliers
Voguent sous fins pétales
Sans que la brise tendre
Jamais ne se révolte
Là où les blancs nuages
Aux formes séraphiques
Sans même se lasser
Dessinent dans le ciel
D’incomparables fresques
Que des oiseaux taquins
Viennent lire aux enfants
Là où terres et montagnes
Magnifiques jardins
Cultivent l’édénisme
Dont les Hommes rêvèrent
Là où avec tendresse
De très longues allées
Florifères et ombrées
Séparent de grands arbres
Qui s’enlacent au soir
Canopée sans frontières
Où s’ébat sans complexe
Une faune épanouie
Là où le temps pressé
Soudain s’est arrêté
Réalisant enfin
Que toute fuite est lâche
©Ph Dagorne
1 commentaire -
La bonne nuit soleil
Je te devine encore
Vautré sur l’horizon
Là où la mer se perd
Me diras-tu demain
Ce que furent tes rêves
Ou es-tu simplement
Allé discrètement
Faire un tour de la terre
Obscurantisme crasse
Ce n’est pas le soleil
Qui roule sa carcasse
Tout autour de la terre
Mais la terre monsieur
Qui pendant vingt quatre heures
En sotte courtisane
Se pavane au soleil
Vous n’êtes qu’un poète
Il l’a dit il l’a dit
Je ne suis qu’un poète
Si je le suis vraiment
M’en voilà très flatté
J’aime à conter le monde
Avec juste les yeux
Sertis de mille étoiles
De cet enfant naïf
Qui toujours s’émerveille
©Ph Dagorne
2 commentaires -
Blottie sur leur quenouille
La laine des nuages
Semble courir le ciel
Rouet imaginaire
En décompteur de temps
L’épinglier cruel
Précipite le vent
Farfouilleur imbécile
Que des Hommes immatures
Ont tantôt déchainé
L’ouvrage se barbouille
Aux couleurs de la haine
Se buvarde sans honte
D’un sang gras presque vif
Étrange muléta
Pour quelle mise à mort
La bobine s’affole
Accélère son souffle
Ouragan ou cyclone
Typhon démesuré
Extrême canicule
Mortelles inondations
L’économie est reine
Lors les puissants se gavent
Comme avant comme après
Schizophrénie vénale
Débauches financières
Bacchanales cupides
Abreuvées aux fontaines
Des orgies les plus crasses
Jouir de tout et de rien
Déclencher la violence
Et au fond s’en réjouir
Quant à la multitude
Elle paraît prostrée
Spectatrice abusée
Et parfois même envieuse
Jusqu’où et jusqu’à quand
©Ph Dagorne
1 commentaire -
De lointains aboiements
Et quelques coups de feu
Viennent gifler le ciel
Une toile d’hiver
Un soleil anémique
Ses arbres décharnés
Ses cheminées fumantes
Le brouillard habité
De fragrances subtiles
Fumets de feu de bois
Rares senteurs d’humus
Enveloppe les pierres
Du village tapi
Emmitouflés et sages
Les robinets de cuivre
Ont tous la goutte au nez
Fausses perles glaciales
Ce soir se figeront
Stalactites clinquantes
Aux vertus éphémères
La ruelle serpente
Ourlée de cheveux blancs
Elle-même couverte
D’un fin duvet de givre
Sur la froide terrasse
Commensaux avisés
Mésanges et rouges-gorges
Verdiers et passereaux
Sittelles torchepot
Et grives musiciennes
Entament leur ripaille
Mais tous sont attentifs
Sur la sombre rambarde
Veille une jeune chatte
©Ph Dagorne
1 commentaire -
Oui tu peux bien sourire
Dans ton cadre figé
Étrange gestation
Neuf mois déjà passés
Onze jours à attendre
Et Noël sera là
Oui tu peux bien sourire
Mais ce portrait me ment
Il n’est qu’un souvenir
Une impression glacée
Qui semblable à la neige
Peu à peu jaunira
Oui tu peux bien sourire
Moi je souris si peu
Mes jours sont à présent
Au cœur de leurs silences
Habités chaque instant
Par ta brûlante absence
Oui tu peux bien sourire
Au chatoiement fugace
D’une frêle veilleuse
Qui offre à ton visage
Comme un instant de vie
Ce n’est là qu’un mirage
Oui tu peux bien sourire
Cela ne me dit pas
Si tu as pu atteindre
Toi mon crâne barreur
Cette fameuse rive
Trop souvent fantasmée
Oui tu peux bien sourire
Cette année et les autres
Crèche et nativité
Ne me rappelleront
Que cette nuit chérie
Où je te vis paraître
©Ph Dagorne
votre commentaire