• Je me suis enfermé...

     

     

    Je me suis enfermé

    Tout seul avec le vent

    Dans une fine bulle

    Et puis je l’ai laissé

    M’emporter tout au loin

    Très loin plus loin encore

     

    Là où le ciel est bleu

    Et toujours parfumé

     

    Là où les eaux turquoises

    D’une mer nourricière

    Jamais ne se chagrinent

     

    Là où les grands voiliers

    Voguent sous fins pétales

    Sans que la brise tendre

    Jamais ne se révolte

     

    Là où les blancs nuages

    Aux formes séraphiques

    Sans même se lasser

    Dessinent dans le ciel

    D’incomparables fresques

    Que des oiseaux taquins

    Viennent lire aux enfants

     

    Là où terres et montagnes

    Magnifiques jardins

    Cultivent l’édénisme

    Dont les Hommes rêvèrent

     

    Là où avec tendresse

    De très longues allées

    Florifères et ombrées

    Séparent de grands arbres

    Qui s’enlacent au soir

    Canopée sans frontières

    Où s’ébat sans complexe

    Une faune épanouie

     

    Là où le temps pressé

    Soudain s’est arrêté

    Réalisant enfin

    Que toute fuite est lâche

     

     

    ©Ph Dagorne


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  • Avec juste les yeux...

     

     

    La bonne nuit soleil

    Je te devine encore

    Vautré sur l’horizon

    Là où la mer se perd

    Me diras-tu demain

    Ce que furent tes rêves

    Ou es-tu simplement

    Allé discrètement

    Faire un tour de la terre

     

    Obscurantisme crasse

    Ce n’est pas le soleil

    Qui roule sa carcasse

    Tout autour de la terre

    Mais la terre monsieur

    Qui pendant vingt quatre heures

    En sotte courtisane

    Se pavane au soleil

    Vous n’êtes qu’un poète

     

    Il l’a dit il l’a dit

    Je ne suis qu’un poète

    Si je le suis vraiment

    M’en voilà très flatté

    J’aime à conter le monde

    Avec juste les yeux

    Sertis de mille étoiles

    De cet enfant naïf

    Qui toujours s’émerveille

     

    ©Ph Dagorne


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  • La bobine s'affole...

     

    Blottie sur leur quenouille

    La laine des nuages

    Semble courir le ciel

    Rouet imaginaire

    En décompteur de temps

    L’épinglier cruel

    Précipite le vent

    Farfouilleur imbécile

    Que des Hommes immatures

    Ont tantôt déchainé

     

    L’ouvrage se barbouille

    Aux couleurs de la haine

    Se buvarde sans honte

    D’un sang gras presque vif

    Étrange muléta

    Pour quelle mise à mort

     

    La bobine s’affole

    Accélère son souffle

    Ouragan ou cyclone

    Typhon démesuré

    Extrême canicule

    Mortelles inondations

    L’économie est reine

    Lors les puissants se gavent

    Comme avant comme après

    Schizophrénie vénale

    Débauches financières

    Bacchanales cupides

    Abreuvées aux fontaines

    Des orgies les plus crasses

    Jouir de tout et de rien

    Déclencher la violence

    Et au fond s’en réjouir

     

    Quant à la multitude

    Elle paraît prostrée

    Spectatrice abusée

    Et parfois même envieuse

    Jusqu’où et jusqu’à quand

     

     

                                                            ©Ph Dagorne


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  • Tableau d'hiver...

     

     

    De lointains aboiements

    Et quelques coups de feu

    Viennent gifler le ciel

    Une toile d’hiver

    Un soleil anémique

    Ses arbres décharnés

    Ses cheminées fumantes

     

    Le brouillard habité

    De fragrances subtiles

    Fumets de feu de bois

    Rares senteurs d’humus

    Enveloppe les pierres

    Du village tapi

     

    Emmitouflés et sages

    Les robinets de cuivre

    Ont tous la goutte au nez

    Fausses perles glaciales

    Ce soir se figeront

    Stalactites clinquantes

    Aux vertus éphémères

     

    La ruelle serpente

    Ourlée de cheveux blancs

    Elle-même couverte

    D’un fin duvet de givre

     

     

    Sur la froide terrasse

    Commensaux avisés

    Mésanges et rouges-gorges

    Verdiers et passereaux

    Sittelles torchepot

    Et grives musiciennes

    Entament leur ripaille

    Mais tous sont attentifs

     

    Sur la sombre rambarde

    Veille une jeune chatte

     

     

                

                                              ©Ph Dagorne


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  • Neuf mois... Toi ! Mon crâne barreur.

     

    Oui tu peux bien sourire

    Dans ton cadre figé

    Étrange gestation

    Neuf mois déjà passés

    Onze jours à attendre

    Et Noël sera là

     

    Oui tu peux bien sourire

    Mais ce portrait me ment

    Il n’est qu’un souvenir

    Une impression glacée

    Qui semblable à la neige

    Peu à peu jaunira

     

    Oui tu peux bien sourire

    Moi je souris si peu

    Mes jours sont à présent

    Au cœur de leurs silences

    Habités chaque instant

    Par ta brûlante absence

     

    Oui tu peux bien sourire

    Au chatoiement fugace

    D’une frêle veilleuse

    Qui offre à ton visage

    Comme un instant de vie

    Ce n’est là qu’un mirage

     

    Oui tu peux bien sourire

    Cela ne me dit pas

    Si tu as pu atteindre

    Toi mon crâne barreur

    Cette fameuse rive

    Trop souvent fantasmée

     

    Oui tu peux bien sourire

    Cette année et les autres

    Crèche et nativité

    Ne me rappelleront

    Que cette nuit chérie

    Où je te vis paraître

     

                             ©Ph Dagorne

     


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