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Visiteur incongru,
Le deuil, vêtu de nuit,
Vint toquer à la porte
De ce beau jour de mars.
Il ne sut pas attendre,
Moindre des politesses,
Que j’atteignisse l’huis
Et que je pusse dire :
« Non je n’attends personne,
Allez-donc voir ailleurs ».
Il entra brusquement,
Le couloir s’assombrit,
Puis, toute la maison…
Le voilà, désormais
Présent dans chaque pièce,
Et, singulièrement,
Niché dans chaque cœur
Battant toujours pour toi.
Voilà plus de deux ans
Que ce colocataire
Est devenu mon maître.
Me voilà sous emprise
Pour n’avoir pas compris
Et pour ne pas savoir…
©Ph Dagorne
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Quand le soleil se couche
Griffé par de vieux troncs,
Que l’horizon se bouche
En un grenat plastron,
C’est un jour qui bascule
Éthéré, sans mémoire,
La campagne incrédule
Oubliera son histoire.
Cessant ses turbulences,
Et sans même un soupir
La faune fait silence,
Je la sens s’assoupir.
L’astre part en voyage,
Il caresse le globe
Se jouant des nuages
Dont il teinte la robe.
Lors, tout devient sombre,
Comme un soir de tristesse
Rien d’autre que pénombre
Que dieu Phébus délaisse
Il semble remonter
Un noir drap de fortune
Où je vois miroiter
Une timide lune.
©Ph Dagorne
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C’est la fête des morts
Et novembre s’immisce,
Serait-ce par remords
Que les tombes fleurissent ?
Superstition, tristesse ?
Autant d’obscurs desseins,
Les vivants, eux, s’y pressent
En ce jour de Toussaint.
Nos mornes cimetières,
Tout à coup, s'embellissent
De roses et de bruyères
Ou de fleurs plus factices.
Force à la tradition,
Toujours, le chrysanthème,
Bouffi de prétention,
En reste le totem.
Une fois, chaque année,
Toutes ces fleurs s’exhibent
En un deuil suranné
Que la mémoire inhibe…
Une fois, chaque année,
Comme un rite immuable,
L’on y vient cancaner,
Vive la vie, que diable !
©Ph Dagorne
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Le vent pour maestro,
Le tumulte marin,
Le froufrou des feuillages,
Et la libre faconde
Du peuple volatile,
Le frais pizzicato
D’un lunatique grain,
La symphonie nature
Envahit tout l’espace.
L’horizon, fond de scène,
Distille ses nuages.
Profane procession,
Cortège majestueux
Que les heures du jour
Colorent habilement.
Vêtues de bleu turquin,
Même les vagues frustes
Portent leurs coiffes blanches
Et pressent dans la danse
Quelques voiles lointaines.
La plage pour parterre
S’est ourlée tôt matin
D’une élégante laisse,
Guirlande enchevêtrée
Qui nous conte muette
Des histoires de mer…
©Ph Dagorne
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