• Groix... La mer câline l’île...

     

    Il attend, patiemment,

    Sur le bord de la grève,

    L’océan, mollement,

    Me dépose ses rêves.

     

    Dans des reflets de jade,

    A délaissé la nuit

    Pour une aurore fade,

    Cette aube qui s’ennuie.

     

    Sous le ciel qui s’allume,

    S’est simplement vêtu

    D’une coquette brume

    Qui le couvre, têtue.

     

    La belle nappe claire,

    Que la côte lui dresse,

    Paisiblement s’éclaire,

    Noble et enchanteresse.

     

    Puis, le nordet emmène

    Quelques mouettes rieuses,

    Quelle envoûtante scène,

    Indicible et radieuse.

     

    Juste un doux friselis,

    La mer câline l’île

    Son tendre gazouillis

    S’envole là, subtil…

     

    ©                         


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  • Il y a cent ans... Madame Morano.

     

    Oubliées, tout’ ces tombes

    Sur la terre violée,

    Restes d’une hécatombe,

    Sous un ciel étiolé ?

     

    Par millions, dans la boue,

    Ils nous firent rempart

    La nuit, le jour, debout

    Abreuvés de brouillard.

     

    Par d’effroyables temps

    Dans le froid, la touffeur,

    Voilà déjà cent ans,

    Qu’ils touchèrent l’horreur.

     

    Non, cette guerre-là

    Se foutait des dimanches

    Des roses et du lilas

    Ou de la race blanche.

     

    Souvenez-vous un peu

    Du noble sacrifice

    Offert par nos aïeux

    Mais, pour quel bénéfice ?

     

    Ces héros de vingt ans

    Venus du monde entier

    Ont donné leurs printemps.

    Leurs mémoires, vous souilliez.

     

    Une simple litote,

    Madame Morano,

    Vulgaire autant qu’idiote

    Mais aussi parano…

    ©                         


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  • Groix... Une étrange atonie...

     

    Un soleil explosé,

    Sur une mer absente

    Aux reliefs irisés,

    Entame sa descente.

     

    L’horizon barbouillé

    Ne saigne pas encore.

    Ses brumes gribouillées

    Ouatent un gris décor.

     

    Et ce n’est pas la brise

    Qui s’essouffle fragile

    Sur la lande soumise

    Qui ranimera l’île.

     

    La nuit, beaucoup moins sage,

    Invitera troublée

    Quelque pédant orage

    Pour alors l’accabler.

     

    C’est la lente agonie

    D’une journée d’automne,

    Une étrange atonie,

    En mon vieux cœur, résonne…

     

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  • C'est la grande marée...

     

    Atmosphère opaline,

    Suspendue, éthérée,

    Paillettes cristallines,

    C’est la grande marée.

     

    L’ont dirait des fourmis

    Venues griffer le sable

    Cet étrange semis,

    Ce jardin improbable.

     

    La brume s’est levée,

    Ils sont venus nombreux

    Pêcher et puis rêver,

    Ô matin bienheureux.

     

    Septembre à l’apogée

    Rend hommage au soleil

    Qui semble là, figé,

    Conquérant, sans pareil.

     

    Un jusant murmurant,

    C’est pourtant le silence

    Qui règne sur l’estran

    Une ultime élégance.

     

     

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  • Groix... J’ai juste gribouillé...

     

    Ils passent là, chagrins,

    Par-dessus mon vieux toit,

    Et retiennent leurs grains

    En pépères courtois.

     

    J’aperçois les « Saisies »

    Qui fendent l’onde grise

    Quelques mouettes transies

    Y sèchent sous la bise.

     

    L’horizon s’est couvert

    D’une brouillasse atone,

    Ça ressemble à l’hiver

    Morose et monotone.

     

    Dans ses teintes d’ardoise,

    La place Notre Dame,

    Que la chapelle toise,

    Semble aujourd’hui sans âme.

     

    Lessivé par les pluies,

    Figé dans ses pâleurs

    Le village s’essuie,

    Avare de couleurs.

     

    Alors, sur mon cahier,

    Abreuvé d’encre sombre,

    J’ai juste gribouillé

    Un soleil et de l’ombre…

    ©                         

     


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