• Requiem... Deux ans !

    Les lueurs subclaquantes

    D’un singulier couchant

    Barbouillaient sur mon âme

    L’esquisse décevante

    De mon inconséquence

     

    Fabrique à souvenirs

    Comme à son habitude

    Le temps fuyait penaud

    Honteux chaque seconde

    D’effacer le présent

     

    Je me vautrais sans but

    Devant l’écran plasma

    D’une histoire oubliée

    Puis vint l’heure ignorante

    D’un fatal requiem

     

    Et douze coups sonnèrent

    À ton ouïe inflexible

    Sourde comme ta plainte

    Et ton ultime chute

    Nous étions le quatorze

     

    Verdi lui me berça

    Et je pus m’enfoncer

    Dans ce sommeil perfide

    D’où l’on revient morose

    Tu étais déjà loin…

     

    Oui, le 13 mars 2022, avant de m’endormir, j’écoutais l’envoûtant Requiem de Verdi. Après minuit l’étrangeté des chœurs interprétant l’Agnus Dei finit par me bercer et je m’endormis…

    https://www.youtube.com/watch?v=YyTf4SzC57Q&t=195s

     

    Rue Dupuy de Lôme, tu nous avais quittés pour toujours. Voyage sans retour, exil sans nouvelles, cap inconnu, un Ailleurs ? Le néant ? Où donc cette fois, s’est amarrée ta barque ? Quel ciel tourmenté ou radieux a vu s’affaler ta voile ?  Ta grande silhouette ombre-t-elle encore les pontons d’un port où il fait mieux vivre ? Tes cendres dispersées ne sont-elles ici que le signe éthéré puis mystique de ta fière présence ? Ou, beaucoup plus simplement, à tout jamais une intangible preuve de ton effacement ?

    Prier ? Je ne sais plus prier. L’ai-je d’ailleurs su un jour ? Je ne faisais là, qu’ânonner, pareilles à des mantras, les supplications apprises auprès d’ensoutanés  qui me tenaient soumis. Asservi à leurs sournois pouvoirs, parfois même à leur fanatisme mais surtout astreint à adorer un Dieu pathétiquement humain. Divinité que ces religieux utilisaient plus comme outil d’obéissance et de renoncement que comme idéal d’amour et de partage à atteindre à l’heure du trépas pour une éternité sereine.

                                                   ©Ph Dagorne

     

    Crédits photos Martine le Pévédic, Deutsche Grammophon.

    Montage personnel


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  • Tas de bois...

    La nuit s’est aveuglée

    De vieux rêves abscons

    D’invisibles pluies fines

    Lavandières étonnées

    D’un jardin mutilé

     

    Gueule ouverte une ornière

    S’est gavée de cette eau

    Qui cherchait son chemin

    Allez savoir pourquoi

    Le vent en prit ombrage

     

    Une nouvelle fois

    Contrarié et grognon

    Se leva violemment

    Balaya la campagne

     

    Un long chêne un peu gauche

    Tout enlierré de feuilles

    S’affala foudroyé

    Embrassant lourdement

    Un bitume fuyant

    Il comprit néanmoins

    Qu’aux premières lueurs

    Il serait tas de bois

                                      ©Ph Dagorne

     


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  • J'interpelle la lune....

    De fascinants arpèges

    Emportent ma pensée

    Voilà bientôt deux ans

    Et je ne comprends pas

     

    Je regarde distrait

    Passer les nuages

    J’interpelle la lune

    Se peut-il qu’elle sache

    Moi je pense que oui

     

    Les nues se font pleureuses

    Se succèdent les grains

    La terre saturée

    Finit par les vomir

     

    Ainsi leurs lourds sanglots

    Semblent scander le temps

    Oui celui qu’il me reste

    Et cet espoir infime

    De te revoir ailleurs

     

                                     ©Ph Dagorne


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  • La vie est une garce...

                                                                               Pour Philippe

     

    Les lignes s’entortillent

    Au courant de mes larmes

    La vie sourde traitresse

    Nous livre sans remord

    Et sans discernement

    À l’exil sans retour

    La camarde est passée

    Inlassable cueilleuse

    Pour l’avoir évoquée

    Elle en a profité

    Pour surprendre sa proie

    Puis elle a disparu

     

    Voyage fantasmé

    Dont nul ne sait nous dire

    S’il nous propose un port

    Un abri aux eaux calmes

    Ou plus probablement

    Un souffle sans écho

    Un oubli sans essence

    Un sommeil éternel

    Un néant absolu

    Où les rêves se taisent

    Où le verbe s’efface

    En un vide infini

     

                                                ©Ph Dagorne


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  • Petite vaguelette...

    Sont-ce les battements

    De mon cœur fatigué

    Qui soudain s’accélèrent ?

     

    Sont-ce les pas d’un reel*

    Qui battent en cet instant

    En ma triste poitrine ?

     

    Une joie, un sourire

    Ou lors, la simple esquisse

    D’un souvenir enfoui,

    Venus discrètement

    Mourir presque sans bruit,

    Petite vaguelette,

    Aux rives de mon âme.

     

    Glisse-donc sur le sable,

    Donne-moi cette force,

    Qui jadis te fit houle.

    Chair de poule ou frisson,

    Viens-tu là me frôler ?...

                * Danse irlandaise

     

    ©Ph Dagorne


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