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Ma vitre est un tambour
Ou une caisse claire.
Passent sombres et lourds
Les nuages grégaires.
La pluie la frappe vive,
Mille perles s’y vident,
Puis d’autres récidivent,
Molles et impavides.
Au loin, toute brouillée,
Une plage ridée
N’ose plus se mouiller,
Fillette intimidée.
Allongée et si pâle,
Abandonne l’estran
Au paresseux étale
Gris et indifférent.
Le vent, lui, impatient,
Se lèvera plus tard,
Sans doute moins friand
D’un ciel aux tons blafards.
Ce vil temps qui s’enfuit,
De risées, fagoté,
Amènera la nuit
Puis l’aurore ouatée…
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Ô toile tourmentée
D’un furieux océan,
Ses vagues entêtées,
Ses abysses béants.
Sous les gifles du vent
Semble plier l’échine,
Pour repartir bavant
Abreuver quelque bruine.
Navires à la cape,
Lors les hommes le craignent.
Lui sans cesse qui frappe
Les royaumes qu’il baigne.
Son inouïe violence
Nourrie des pires peurs
Trompe la vigilance
Des plus sages veilleurs.
Et pourtant, dès demain
Calmera son courroux
Lissant le parchemin
D’un sable tiède et roux.
Attentif et aimant
Sous des brises radieuses,
Redeviendra l’amant
De terres généreuses…
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Le temps humide et fade,
Colore sans talent
Un ciel bas et maussade,
Une mer sans allant.
L’île paraît figée,
Asthénique, engourdie,
Ses plages négligées
Sous des algues verdies.
Tout en haut du vallon,
Des maisons embrumées
Forment un blanc galon
À la lande enrhumée.
Aucun vent ne se lève
Mais plutôt une haleine
Qui remonte la grève
Pesante et incertaine.
Les villages déserts
Semblent abandonnés.
Amorphe et linéaire,
Languit cette journée…
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Tic ! tac ! tic ! tac !
Le temps qui passe
Qui me salue
Une heure, deux heures,
Un jour, deux jours,
Puis les années,
Il est passé…
Les yeux fermés,
Je me souviens,
De quoi en fait ?
La nostalgie
Mais c’est un leurre
Belle embellie
Mais c’est trop tard.
Tic ! tac ! tic ! tac !
Qu’il est pressé
Mes souvenirs
Dans sa besace
Le bien, le mal,
Les rires, les pleurs,
Foutu voleur.
Je suis assis,
Sur un vieux banc
Là-bas, la nuit…
Est-ce ce temps,
Si vite enfui
Qui m’a volé
Mon horizon ?
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Tout au bout du chemin,
Je vois la mer qui frise
Quand, pâle parchemin,
Le ciel lâche ses brises.
Ce sont là, les dernières,
Le noroît va fraîchir,
Ses bises rancunières
Lors, pourront s’affranchir.
Les goélands paisibles
Paraissent immobiles,
Une force, indicible,
Les porte, volatile.
Seul l’obscur babillage
Des vagues ordonnées
Anime un peu la plage
Déjà abandonnée.
L’automne à l’agonie,
Chaque journée comptée,
Plonge dans l’atonie,
Ses heures avortées.
Et c’est à poings fermés
Que dorment les maisons
L’île comme assommée,
Craint l’ultime saison…
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