• Tant et tant de chemins...

     

    Tant et tant de chemins

    Venus m’offrir leur ombre

    Pour d’autres lendemains

    À l’avenir moins sombre

     

    Que n’ai-je su les prendre

    Plutôt que celui-ci

    Auraient-ils pu m’apprendre

    Futur moins indécis ?

     

    Austère et sinueuse

    Je poursuis donc ma sente,

    Chaque jour, plus boueuse,

    Chaque nuit, plus glissante

     

    Plus courtes sont les heures

    Et tellement plus froides

    Comme si le malheur

    Y veillait dur et roide

     

    Traître sentier d’hiver

    Caillouteux et pentu

    Menaçant et sévère

    Où me mèneras-tu ?

     

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  • Groix...Une aurore annoncée...

    Un grand merci à Awena, harpiste, pour ce délicat accompagnement...

     

    Et je verrai éclore

    Sur le sombre satin

    Mille et un boutons d’or

    Bien avant le matin

     

    Sur la robe océane

    La muette floraison

    Scintillera diaphane

    Jusqu’au trait d’horizon

     

    Seule une molle brise

    Portée par le suroît

    Telle caresse exquise

    Offrira son émoi

     

    Doux zéphyr des malines

    Qui viendra là bercer

    Des vagues en capelines

    Par le sable effacées

     

    Lors dans ce long murmure

    L’île pourra hisser

    La voile sans amure

    D’une aurore annoncée…

     

     

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  • Ô ces nuits indécentes...

     

    Ô vous nuits indécentes

    Dégradantes et larvées

    Quand l’opprobre s’empourpre

    Dans sa cape de nuit

     

    Le soleil même a fui

    Les dorures baveuses

    Qui crachent leur vanité

    Aux flancs chauds des alcôves

     

    Seuls les regards trahissent

    L’affolement des âmes

    L’on dirait que les rires

    Ont mauvaise conscience

     

    Et puis là s’insinuent

    Les musiques lascives

    De celles qui se moquent

    Des enfances souillées

     

    Étranges bacchanales

    Qui prêtent aux fruits trop mûrs

    Les apparences flasques

    Qu’exhibent ces corps lourds…

     

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  • La tempête...

     

    Il s’est calmé le vent

    Un peu moins en colère

    Oui mais il rôde encore

    Je l’entends là râler

     

    Et brusquement il gueule

    Crachant sans retenue

    Son haleine salée

    Sur mes persiennes bleues

     

    Puis c’est presque silence

    Juste un ronronnement

    Celui de mon vieux chat

    Fasciné par ma plume

     

    Celle qui farandole

    Sur la feuille jaunie

    D’un malingre cahier

    Que l’on dit d’écolier

     

    C’est bien une accalmie

    Mais cette nuit c’est sûr

    Dans l’humide noirceur

    Les pins devront veiller

     

    Leur ramure trempée

    Les rend raides et patauds

    Le vertige les guette

    Pour les jeter au sol

     

    Taiseuse est la maison

    Qui décompte la nuit

    À la note vibrante

    De l’horloge de bois

     

    Comme elle est apaisante

    Bien que ne disant rien

    Sur son front balafré

    Courent deux bœufs de cuivre

     

    Un jour ils m’ont conté

    Les nuits blanches et cruelles

    D’une guerre infernale

    Qui vit s’enfuir les hommes

     

    Est-ce là de frayeur

    Que le fin balancier

    Hésitant et tremblant

    Brusquement s’était tu

     

    Il attendit deux ans

    Dans la pièce éclatée

    Qu’enfin la paix s’invite

    Pour à nouveau danser

     

    Mais voilà revenue

    La tempête rageuse

    Plus agressive encore

    Molestant la campagne

     

    Irascible et vengeur

    Pourquoi ainsi le vent

    S’est tout à coup fâché ?

    Je ne lui ai rien fait…

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  • Il se peut que demain...

     

    Tu peux tendre la main

    La vie est bien avare

    Il se peut que demain

    Tu ne sois plus bavard

     

    Tu peux faire l’important

    La vie s’en moque bien

    L’espace d’un instant

    Tu ne seras plus rien

     

    Tu peux chercher querelle

    La vie n’en a que faire

    Que tu lui sembles frêle

    Prétention mortifère

     

    Tu peux, tu peux, tu peux

    C’est la vie qui décide

    Et tes souhaits comptent peu

    Redeviens donc lucide

     

    Tu peux ce que tu veux

    La vie continuera

    Et qu’importent tes vœux

    C’est sûr, tu t’en iras…

     

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