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Ce ciel me semble las
Fatigué de pleurer
Le pâle distillat
Des matins demeurés.
Il embrasse la terre
De ses lèvres humides,
Cet impalpable éther
Des amants trop timides.
L’océan s’y confond,
Enrubanné de brumes
Tel un moite plafond
Qu’aucun soleil n’allume.
La brise s’en imprègne
Délaissant ses élans
Sans qu’un souffle ne daigne
Porter les goélands.
Le silence est de mise
Ou alors se susurre
L’inavouable hantise
De mortelles blessures…
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Je rêvais dérober,
Au dais noir de la nuit,
Une lune embourbée
Dans ses brumes de pluie.
Atteintes de tremblote,
Quelques rares étoiles,
Incertaines et pâlottes,
Me surveillaient, glaciales.
Un pin ventripotent
À ma gauche bruissa,
Sous mes pas hésitants
Le sable fin crissa.
La mer m'en est témoin,
Je ne pus la saisir,
La lune néanmoins
Parut là, s'évanouir.
Plongé dans les ténèbres,
L'océan ronchonna
Et sa robe funèbre
Moucha l'île aux grenats...©
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File mon vieux chemin
Serti de schiste bleu,
Cours donc jusqu’à demain,
Hâte-toi car il pleut.
Je te vis tout là-bas
Scintiller au couchant
Quand le jour s’embourba
Effaçant quelques champs.
Poursuis-tu ta balade ?
Là, il fait déjà nuit,
La mer me fait aubade,
J’entends venir minuit.
Puis après d’autres heures,
Toquera l’espérance
Et le ciel satineur
Se teindra de garance.
Lors, il me plairait tant
De t’emprunter encore,
De m’offrir du bon temps
Pour mieux narguer la mort…
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Quelques sombres carcasses
Semblent mortes de trouille,
Il pleure sur la casse
De vraies larmes de rouille.
Dans l’aube fantomale,
Des fougères et des ronces
Drapent tant bien que mal
Ces reliques absconses.
Ô lointaine jeunesse !
Ces mémoires enfouies,
Le temps de la vitesse,
Tout cela s’est enfui.
Plane un épais silence
Ponctué sinistrement
Par la froide insolence
De corbeaux véhéments.
Et dans leur lent voyage,
Juste éclos de la nuit
Même les gris nuages
S’esquivent sans un bruit…
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Ont fleuri sur mon âme,
Sept élégantes roses,
De ces roses, madame,
Que seul l'amour dépose.
Mais aujourd’hui, j'ai froid,
De ce froid qui vous brûle
Aux feux sourds de l'effroi
Des prêtres incrédules.
C'est un cri lancinant
Qui visite mon cœur
Plein d'échos fulminants,
De regrets, de rancœurs.
En ces vêpres inquiétantes,
Colle sur mon chemin,
Cette cendre entêtante
Mouchant tout lendemain.
Maintenant la nuit tombe,Épuisé, je repose.
Flétrissent sur ma tombe
Mes sept charmantes roses…
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