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Par Philippe Dagorne le 14 Mai 2023 à 00:10
Ô mon garçon
Quatorze mois
M’ensommeiller
Pour oublier
Juste espérer
Que ce sommeil
Peuplé de songes
Ne vienne pas
Me rappeler
Ce jour funeste
Où un livreur
Te découvrit
Inanimé
Depuis des heures
Tu avais pris
Ton fol envol
Dans ce couloir
Sombre et désert
Absurde quai
Morne partance
Croisière ultime
Et en ce port
Imaginaire
Je ne saurais
Te rendre hommage
Même ta rue
Me nargue encore
Petite voie
Qui vient lécher
Le chœur pompeux
De cette église
Qu’ils ont dédiée
À cette sainte
Dont il est dit
Qu’elle est priée
En protectrice
De nos marins
Où était-elle
Cette nuit-là
Santez Anna
Sainte Anne d’Arvor
Cette madone
Que pourtant toi
Tu vénérais
Oui je m’égare
Oui je me perds
Foi barbelée
Ciel convulsé
Traitre folie
Irrationnelle
Qui désormais
Vient me ronger
Mes lourds silences
Ne sont que cris
Et mes absences
Ne sont que larmes
Même mes rires
Sont obombrés
À tout jamais
Mon âme hâve
Porte ton deuil
©Ph Dagorne
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Par Philippe Dagorne le 10 Mai 2023 à 10:36
Papa, il y a six ans déjà tu embarquais pour où l'on va après... Tu me manques, vous me manquez tellement...
Ce deuil insaisissable
Lancinant et sournois
Il ondule et serpente
Chaque jour sans raison
Nous inonde et nous mine
Il se voile un moment
Dans les effets pervers
D’une raison grotesque
Une feinte infernale
Pour entamer ensuite
Son déchirant réveil
Qu’il fait froid désormais
Aux repas de famille
La salle est oratoire
Vos voix se sont éteintes
Les murs sont amnésiques
Les flammes des chandelles
Vacillent sans vos souffles
Les photos que je fuis
Ne sont que les reflets
À jamais insensibles
De ce que vous étiez
Le temps vif d’un cliché
Je n’ai plus besoin d’elles
Pourquoi ces reliquaires
Sanctuaires du manque
Vitrines aux souvenirs
Chapelles des mémoires
Nos amis nos mentors
Nos parents nos aïeux
Mon enfant adoré
À jamais ne sont plus
Une à une et sans teint
Les années déambulent
Quand nous de plus en plus
Piétinons abrutis
À quelques pas freinés
De fraîches sépultures
Ou plus souvent encore
À l’ombre maléfique
Insensible et funeste
D’un âtre crématoire
Tout comme leurs images
Racornies et glacées
D’autres années peut-être
Aux dates de chagrin
Commémorations vaines
Puisqu’ils sont devenus
Nos absents éternels
©Ph Dagorne
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Par Philippe Dagorne le 29 Avril 2023 à 19:22
Pour Marie.
Claquent les pavillons
Ils désignent le large
Cet espace infini
Où la mer les attend
Demain à la renverse
Au soleil barbouillé
Les courants alertés
Verront tous ces voiliers
Telles fleurs éclatées
Arborer leurs pétales
Aux caprices d’Éole
Perles blanches d’écume
Ourleront l'éclosion
Que les flots en désordre
Mèneront sans repos
Très loin quand onde et ciel
Complices se marient
©Ph Dagorne
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Par Philippe Dagorne le 26 Avril 2023 à 18:50
Montage avec crédit photo Martine le Pévédic
Au pays sans douleur,
Papillonnent distraites,
Ces candeurs improbablesPropres aux tourbillons
Des rêves oubliés.
Impossibles ambitions
Que celles barbouillées,
Par nos actes manqués,Ou nos pauvres remords
Ou nos regrets stériles.
Comment imaginer
Cet impossible Ailleurs
À l'aune de nos peurs ?
Ce ne sont là mon grand
Que contes pour enfants…
Te souviens-tu encore
De ma fable inventée
Et jamais achevée ?
Imprégnée ce soir-là
De fragrances marinesEt d’hauturiers pétales
De croisières heureuses
Et d'indicible amour.
Étiez toi et ta sœur,
Les soleils éclatés
D'une ombre solitaire,Trop pudique et trop gauche
Pour pouvoir allumer,
Entretenir surtout
Un bonheur authentique.
Quel est donc ce délire ?
Mon garçon je te parle
Mais tu ne peux m'entendre…
Ne suis plus désormais
Que l'infini chagrin
D'un vieil homme égaré…©Ph Dagorne
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Par Philippe Dagorne le 21 Avril 2023 à 17:39
Il pleut sous le soleil
La lune et les nuages
Ces pluies fines et austères
Aux clameurs boréales
S’épouvantent en chemin
De leurs propres échos
Quand la nuit les recouvre
Ne reste que le vent
Pour les embarbouiller
Tisser de faux rideaux
Qui malmènent la mer
Agitent ses navires
Sidèrent leurs marins
L’océan est patraque
Et s’il bave estourbi
C’est qu’il n’est que l’esclave
De ce fol univers
Cet espace infini
Médiocre imitateur
D’un absurde néant
Et pourtant il se dit
Que les milliards d’étoiles
Ignorantes veilleuses
Serties sur son dais vide
Ont depuis bien longtemps
Étouffé leurs quinquets
Aussi qui sommes-nous
Dépensant des fortunes
Pour adresser au ciel
Nos monstres de métal
À quelques encablures
De la planète bleue
Il y a ici-bas
Tant de plaies à soigner
©Ph Dagorne
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