• Rue Henri Dupuy de Lôme...

     

    Ô mon garçon

    Quatorze mois

     

    M’ensommeiller

    Pour oublier

    Juste espérer

    Que ce sommeil

    Peuplé de songes

    Ne vienne pas

    Me rappeler

    Ce jour funeste

    Où un livreur

    Te découvrit

    Inanimé

     

    Depuis des heures

    Tu avais pris

    Ton fol envol

    Dans ce couloir

    Sombre et désert

    Absurde quai

    Morne partance

    Croisière ultime

    Et en ce port

    Imaginaire

    Je ne saurais

    Te rendre hommage

     

    Même ta rue

    Me nargue encore

     

    Petite voie

    Qui vient lécher

    Le chœur pompeux

    De cette église

    Qu’ils ont dédiée

    À cette sainte

    Dont il est dit

    Qu’elle est priée

    En protectrice

    De nos marins

     

    Où était-elle

    Cette nuit-là

    Santez Anna

    Sainte Anne d’Arvor

    Cette madone

    Que pourtant toi

    Tu vénérais

     

    Oui je m’égare

    Oui je me perds

    Foi barbelée

    Ciel convulsé

    Traitre folie

    Irrationnelle

    Qui désormais

    Vient me ronger

     

    Mes lourds silences

    Ne sont que cris

    Et mes absences

    Ne sont que larmes

    Même mes rires

    Sont obombrés

    À tout jamais

    Mon âme hâve

    Porte ton deuil

     

         

                                          ©Ph Dagorne

     


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  • Ce deuil insaisissable...

     

    Papa, il y a six ans déjà tu embarquais pour où l'on va après... Tu me manques, vous me manquez tellement...

     

     

    Ce deuil insaisissable

    Lancinant et sournois

    Il ondule et serpente

    Chaque jour sans raison

    Nous inonde et nous mine

    Il se voile un moment

    Dans les effets pervers

    D’une raison grotesque

    Une feinte infernale

    Pour entamer ensuite

    Son déchirant réveil

     

    Qu’il fait froid désormais

    Aux repas de famille

    La salle est oratoire

    Vos voix se sont éteintes

    Les murs sont amnésiques

    Les flammes des chandelles

    Vacillent sans vos souffles

    Les photos que je fuis

    Ne sont que les reflets

    À jamais insensibles

    De ce que vous étiez

    Le temps vif d’un cliché

    Je n’ai plus besoin d’elles

     

     

    Pourquoi ces reliquaires

    Sanctuaires du manque

    Vitrines aux souvenirs

    Chapelles des mémoires

    Nos amis nos mentors

    Nos parents nos aïeux

    Mon enfant adoré

    À jamais ne sont plus

     

    Une à une et sans teint

    Les années déambulent

    Quand nous de plus en plus

    Piétinons abrutis

    À quelques pas freinés

    De fraîches sépultures

    Ou plus souvent encore

    À l’ombre maléfique

    Insensible et funeste

    D’un âtre crématoire

     

    Tout comme leurs images

    Racornies et glacées

    D’autres années peut-être

    Aux dates de chagrin

    Commémorations vaines

    Puisqu’ils sont devenus

    Nos absents éternels

                             ©Ph Dagorne


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  •  

    TRANSAT...

                     Pour Marie.

     

    Claquent les pavillons

    Ils désignent le large

    Cet espace infini

    Où la mer les attend

     

    Demain à la renverse

    Au soleil barbouillé

    Les courants alertés

    Verront tous ces voiliers

    Telles fleurs éclatées

    Arborer leurs pétales

    Aux caprices d’Éole

     

    Perles blanches d’écume

    Ourleront l'éclosion

    Que les flots en désordre

    Mèneront sans repos

    Très loin quand onde et ciel

    Complices se marient

     

                                              ©Ph Dagorne


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  • Une impossible fable...

    Montage avec crédit photo Martine le Pévédic

     

     

     

    Au pays sans douleur,
    Papillonnent distraites,
    Ces candeurs improbables

    Propres aux tourbillons
    Des rêves oubliés.


    Impossibles ambitions
    Que celles barbouillées,
    Par nos actes manqués,

    Ou nos pauvres remords

    Ou nos regrets stériles.


    Comment imaginer
    Cet impossible Ailleurs
    À l'aune de nos peurs ?


    Ce ne sont là mon grand
    Que contes pour enfants…


    Te souviens-tu encore
    De ma fable inventée
    Et jamais achevée ?
    Imprégnée ce soir-là
    De fragrances marines

    Et d’hauturiers pétales

    De croisières heureuses

    Et d'indicible amour.


    Étiez toi et ta sœur,
    Les soleils éclatés
    D'une ombre solitaire,

    Trop pudique et trop gauche

    Pour pouvoir allumer,

    Entretenir surtout

    Un bonheur authentique.


    Quel est donc ce délire ?
    Mon garçon je te parle
    Mais tu ne peux m'entendre…


    Ne suis plus désormais
    Que l'infini chagrin
    D'un vieil homme égaré…

     

                                             ©Ph Dagorne

     

     


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  •  

    Il pleut sous le soleil

    La lune et les nuages

     

    Ces pluies fines et austères

    Aux clameurs boréales

    S’épouvantent en chemin

    De leurs propres échos

     

    Quand la nuit les recouvre

    Ne reste que le vent

    Pour les embarbouiller

    Tisser de faux rideaux

    Qui malmènent la mer

    Agitent ses navires

    Sidèrent leurs marins

     

    L’océan est patraque

    Et s’il bave estourbi

    C’est qu’il n’est que l’esclave

    De ce fol univers

    Cet espace infini

    Médiocre imitateur

    D’un absurde néant

    Et pourtant il se dit

    Que les milliards d’étoiles

    Ignorantes veilleuses

    Serties sur son dais vide

    Ont depuis bien longtemps

    Étouffé leurs quinquets

     

    Aussi qui sommes-nous

    Dépensant des fortunes

    Pour adresser au ciel

    Nos monstres de métal

    À quelques encablures

    De la planète bleue

    Il y a ici-bas

    Tant de plaies à soigner

     

                                   ©Ph Dagorne

     


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