• 20 ans aujourd'hui, 16 mois demain... C’est tout cela le deuil…

     

     

     

    Tenter d’imaginer

    Mais sans la moindre foi,

    Que l’absent nous précède

    Et nous protège encore.

     

    Autant griffer le bois

    D’un cercueil introuvable,

    En glisser le couvercle,

    Froisser son capiton,

    Se remettre debout.

     

    N’être qu’un mort-vivant

    Giflé de pluies funèbres,

    Vêtu de grises brumes,

    Quand l’effet se confond

    Aux voiles de la bruine.

     

    Lors traverser les heures,

    Les jours, les mois, les ans,

    Passager clandestin

    D’une inique croisière,

    S’inventer un Éden,

    Une pièce à côté,

    Ou bien désespérer.

     

    C’est tout cela le deuil…

     

    Être là, sans présence,

    Juste pour continuer,

    Juste pour faire semblant

    Que la vie se poursuit,

    Quand au fond de son âme,

    La mort, infâme garce,

    S’est déjà invitée

    Et veille, yeux mi-clos,

    En devinant sournoise

    Sa prochaine fortune.

     

    Voilà vingt ans, maman,

    Que tu pris ton envol

    Et aussi seize mois

    Que ton petit garçon

    Qui te rendait si fière

    Choisit sans prévenir

    D’embarquer solitaire,

    Là, où l’on va après,

    Vers cette abstraite rive,

    Peut-être sans substance…

     

    Vous êtes vous trouvés ?

    Papa est-il présent ?

    Et nos autres parents

    Mais aussi nos amis

    Qui chaque année s’en vont ?

     

    Viendra bien notre tour

    D’appareiller aussi.

    À cette heure funeste,

    D’autres prendront le deuil.

    Cependant, je vous jure,

    J’aimerais tellement

    Ne chagriner personne.

     

    C’est à ce moment-là,

    J’y pense si souvent

    Que nous saurons,

    Ou pas…

                           ©Ph Dagorne


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  • Parlons réchauffement !

     

    Distrait, je vagabonde,

    Le ciel, ce grand cossard

    A ouvert sa fenêtre

     

    « Hé ! Bonjour le soleil !

    Mais c’est donc à cette heure

    Que tu pointes ton nez ?

    Honte à toi mon ami,

    La nature est inquiète

    Et le blé n’est pas mûr.

    L’océan est frisquet

    Et le sable mouillé.

    Les touristes s’en vont

    Et les plages sont tristes.

    Que me dis-tu ? Tu boudes ?

    Comment ? Parle plus fort ! » 

    « Marre d’être blâmé

    Et rendu responsable

    Chaque année davantage

    De ce réchauffement

    Qui condamne la terre ? 

     Je ne suis pas coupable,

    Moi, je n’ai pas changé

    Mais ce sont bien les Hommes,

    Tristes apprentis sorciers,

    Qui troublent l’atmosphère.

    Les siècles à venir

    Risquent bien mon garçon

    De se passer de vous.

     

    Je n’y serai pour rien,

    Je me contenterai

    D’illuminer le ciel.

    C’est à saute-nuages

    Que je continuerai

    Chaque jour à jouer

    Et je me souviendrai

    Combien vous, petits d’Hommes,

    Fûtes inconséquents… »

     

                                             ©Ph Dagorne

     


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  • Au bal du solstice...

     

    Sur la sente des heures

    Qui serpente sans but,

    La lune se promène

    Et balade indolente

    Sa jaunasse lueur

    Sur les toits endormis.

     

    Elle est pleine, elle est ocre

    Et pourtant dites-moi !

    Ce n’est pas le soleil

    Qui a pu tous ces jours

    La dorer à ce point ?

     

    Elle a convié ce soir

    Ses amis de la nuit,

    Météores et planètes,

    Astres, étoiles et comètes.

     

    Mais voilà que soudain

    Au grand bal du solstice

    De contrariantes brumes

    Et même des nuages

    Chastement la recouvrent…

     

    Bien-sûr ! La belle est nue…

     

                                     ©Ph Dagorne


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  • Mes nuits...

     

    La course de mes nuits

    Une à une immuables

    Leur silence

    Leur mystère

    Leurs douleurs

    Leurs brouillards

    Leurs rêves indomptables

    Maladroits funambules

    Sur la corde d’un fouet

     

    Parfois imaginer

    Que l’on puisse entre-deux

    Se repaître vivant

    Du pieux chœur des étoiles

    Interprète mutique

    De cette ode à l’espoir

    Partition impromptue

    Aux échos sublimés

     

    Possiblement l’entendre

    Dessillement ultime

    Murmurer à mon âme

    Quelque révélation

    Signerait ma démence

     

    Vaines hallucinations

    Qui me laissent au matin

    Inconsolable et nu

    Sur le ventre tiédi

    D’une rive sans port

     

                                               ©Ph Dagorne


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  • Aux feux de la Saint Jean... Tu aurais eu 46 ans.

     

    Aux feux de la Saint Jean,

    Tu vins, beau papillon.

     

    Je m’en souviens ce soir,

    L’air était tiède et clair,

    Mare noire angoissante,

    Tous près, l’étang veillait.

    .

    La ville s’endormait

    C’était un vendredi.

     

    Mais étais-tu déjà

    Fasciné par les flammes

    Ballerines envoûtantes

    Et fourbes dévoreuses ?

     

    Était-ce l’intersigne

    De ce que fut ta vie 

    Jusqu’à ce mois de Mars ?

    Ce dieu de la violence 

    Qui la nuit te ravit.

     

    Sais-tu que bien plus tard,

    Une de tes amies

    Sut ainsi te décrire :

    « C’était mon bel Icare… »

     

    Le soleil et la mer

    Furent tes compagnons.

    Éole te porta

    Mais as-tu su rejoindre

    Cette fois l’autre rive ?

     

    Ou, enfant de Dédale,

    T’es-tu lors embrasé

    Aux flèches d’Apollon,

    Avant que de périr

    Dans les sombres abysses

    D’un funeste océan ?

     

                                     ©Ph Dagorne

     


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