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Par Philippe Dagorne le 13 Juillet 2023 à 11:41
Tenter d’imaginer
Mais sans la moindre foi,
Que l’absent nous précède
Et nous protège encore.
Autant griffer le bois
D’un cercueil introuvable,
En glisser le couvercle,
Froisser son capiton,
Se remettre debout.
N’être qu’un mort-vivant
Giflé de pluies funèbres,
Vêtu de grises brumes,
Quand l’effet se confond
Aux voiles de la bruine.
Lors traverser les heures,
Les jours, les mois, les ans,
Passager clandestin
D’une inique croisière,
S’inventer un Éden,
Une pièce à côté,
Ou bien désespérer.
C’est tout cela le deuil…
Être là, sans présence,
Juste pour continuer,
Juste pour faire semblant
Que la vie se poursuit,
Quand au fond de son âme,
La mort, infâme garce,
S’est déjà invitée
Et veille, yeux mi-clos,
En devinant sournoise
Sa prochaine fortune.
Voilà vingt ans, maman,
Que tu pris ton envol
Et aussi seize mois
Que ton petit garçon
Qui te rendait si fière
Choisit sans prévenir
D’embarquer solitaire,
Là, où l’on va après,
Vers cette abstraite rive,
Peut-être sans substance…
Vous êtes vous trouvés ?
Papa est-il présent ?
Et nos autres parents
Mais aussi nos amis
Qui chaque année s’en vont ?
Viendra bien notre tour
D’appareiller aussi.
À cette heure funeste,
D’autres prendront le deuil.
Cependant, je vous jure,
J’aimerais tellement
Ne chagriner personne.
C’est à ce moment-là,
J’y pense si souvent
Que nous saurons,
Ou pas…
©Ph Dagorne
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Par Philippe Dagorne le 6 Juillet 2023 à 18:25
Distrait, je vagabonde,
Le ciel, ce grand cossard
A ouvert sa fenêtre
« Hé ! Bonjour le soleil !
Mais c’est donc à cette heure
Que tu pointes ton nez ?
Honte à toi mon ami,
La nature est inquiète
Et le blé n’est pas mûr.
L’océan est frisquet
Et le sable mouillé.
Les touristes s’en vont
Et les plages sont tristes.
Que me dis-tu ? Tu boudes ?
Comment ? Parle plus fort ! »
« Marre d’être blâmé
Et rendu responsable
Chaque année davantage
De ce réchauffement
Qui condamne la terre ?
Je ne suis pas coupable,
Moi, je n’ai pas changé
Mais ce sont bien les Hommes,
Tristes apprentis sorciers,
Qui troublent l’atmosphère.
Les siècles à venir
Risquent bien mon garçon
De se passer de vous.
Je n’y serai pour rien,
Je me contenterai
D’illuminer le ciel.
C’est à saute-nuages
Que je continuerai
Chaque jour à jouer
Et je me souviendrai
Combien vous, petits d’Hommes,
Fûtes inconséquents… »
©Ph Dagorne
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Par Philippe Dagorne le 2 Juillet 2023 à 17:36
Sur la sente des heures
Qui serpente sans but,
La lune se promène
Et balade indolente
Sa jaunasse lueur
Sur les toits endormis.
Elle est pleine, elle est ocre
Et pourtant dites-moi !
Ce n’est pas le soleil
Qui a pu tous ces jours
La dorer à ce point ?
Elle a convié ce soir
Ses amis de la nuit,
Météores et planètes,
Astres, étoiles et comètes.
Mais voilà que soudain
Au grand bal du solstice
De contrariantes brumes
Et même des nuages
Chastement la recouvrent…
Bien-sûr ! La belle est nue…
©Ph Dagorne
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Par Philippe Dagorne le 26 Juin 2023 à 16:47
La course de mes nuits
Une à une immuables
Leur silence
Leur mystère
Leurs douleurs
Leurs brouillards
Leurs rêves indomptables
Maladroits funambules
Sur la corde d’un fouet
Parfois imaginer
Que l’on puisse entre-deux
Se repaître vivant
Du pieux chœur des étoiles
Interprète mutique
De cette ode à l’espoir
Partition impromptue
Aux échos sublimés
Possiblement l’entendre
Dessillement ultime
Murmurer à mon âme
Quelque révélation
Signerait ma démence
Vaines hallucinations
Qui me laissent au matin
Inconsolable et nu
Sur le ventre tiédi
D’une rive sans port
©Ph Dagorne
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Par Philippe Dagorne le 24 Juin 2023 à 23:30
Aux feux de la Saint Jean,
Tu vins, beau papillon.
Je m’en souviens ce soir,
L’air était tiède et clair,
Mare noire angoissante,
Tous près, l’étang veillait.
.
La ville s’endormait
C’était un vendredi.
Mais étais-tu déjà
Fasciné par les flammes
Ballerines envoûtantes
Et fourbes dévoreuses ?
Était-ce l’intersigne
De ce que fut ta vie
Jusqu’à ce mois de Mars ?
Ce dieu de la violence
Qui la nuit te ravit.
Sais-tu que bien plus tard,
Une de tes amies
Sut ainsi te décrire :
« C’était mon bel Icare… »
Le soleil et la mer
Furent tes compagnons.
Éole te porta
Mais as-tu su rejoindre
Cette fois l’autre rive ?
Ou, enfant de Dédale,
T’es-tu lors embrasé
Aux flèches d’Apollon,
Avant que de périr
Dans les sombres abysses
D’un funeste océan ?
©Ph Dagorne
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