• Vingt mois...

     

    Même les jours s’effacent

    Et le vent s’en inquiète

    Miz du* s’est invité

    Il toqua à ma porte

    En ce mois funéral

    Où tous les cimetières

    S’embarbouillent de fleurs

    Manière d’exhiber

    Au cosmos insondable

    Le chagrin les sanglots

    De nos affres humaines

     

    Voilà vingt mois déjà

    Que mon ciel tourmenté

    Ne se vêt que de bruines

    Mon cœur n’a pour écrin

    Que des brumes glacées

     

     

    Je tente néanmoins

    D’entretenir toujours

    Au secret de mon âme

    Ces braises d’espérance

    Ces brandons généreux

    Leurs feux chauds et rampants

     

    Pouvoir rester debout

    Sans le moindre remord

    Me réchauffer encore

    M’abandonner peut-être

    Aux brises d’un foyer

    Caresses bienveillantes

    Attentes partagées

    Sourires accueillants

    L’amour pour simple cap

    Mais à chaque journée

    Un regard sur le quai

     

    * Miz du : Novembre, littéralement mois noir en breton

    ©Ph Dagorne

     

     


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  • Agnostique Toussaint...

     

     

    Le temps des morts, leurs tombes,

    Dalles déjà glacées,

    Éclaboussées de fleurs.

     

    L’ensorcelant murmure

    Du calme cimetière

    Que le silence a fui.

     

    Entre ses murs de pierres,

    Occasion mercantile,

    Jusqu’au porche forgé,

    Des vivants en sursis

    Viennent là s’acquérir

    D’un rituel désuet.

     

    Une vieille pratique

    Qui, une fois l’année,

    La journée précédant

    La vraie fête des morts,

    Nous entraîne à fleurir

    Les restes pourrissants,

    Les cendres prisonnières,

    D’êtres chers, disparus.

     

     

    En aucune manière,

    Ces sépulcres alignés

    Ne symbolisent ici,

    L’entrée de l’au-delà.

     

    Ne sont plus à présent

    Que les ultimes traces

    D’êtres de passage,

    Locataires précaires

    D’un costume de sang.

     

    Où sont-ils donc partis ;

    Paradis, autre rive,

    Ou simplement dissous

    Dans un néant cosmique

    Vide intersidéral

    Univers sans limite ?

    Là où rien ne subsiste…

                                      ©Ph Dagorne

     


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  • Sur un fil...

    Figé je somnambule

    Saisi je funambule

    Je ne suis plus moi-même

    Sur un fil en suspens

     

    Ma peur pour balancier

    Mes rêves pour filet

    Un chapiteau sans toile

    Où s’éparpillent en voûte

    Des étoiles défuntes

     

    S’y promène la lune

    En belle indifférente

    Qui balaie de sa douche

    Des gradins inutiles

    Où se tiennent debout

    Des fantômes sans voix

     

    Les nuages auréolent

    Une piste sans sciure

    Pièce d’eau sans reflet

    C’est un ciel à l’envers

    C’est un puits sans margelle

    Froid miroir de l’oubli

     

     

                                      ©Ph Dagorne


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  • Je suis un vagabond...

     

    Musiciennes lumières

    Empruntez vos nuances

    Aux pigments infinis

    D’un ciel qui s’ensommeille

     

    Dessous l’océan veille

    Le rejoint tout au bout

    Une brume éthérée

    Pour celer leur union

     

    Promenant ses pétales

    La mer semble sérieuse

    Ou alors en goguette

    Mais jamais en colère

     

    Mille voiles ventrues

    Emportent des bateaux

    Le soleil les réchauffe

    Avant qu’il ne s’efface

     

    Je suis un vagabond

    Enveloppé de brise

    Mon refuge secret

    Dans ma bulle enchantée

    Il y a là mes rêves

    Mon univers secret

    Où des étoiles naissent

    Au chevet de mes peurs

     

    C’est un zéphyr tantôt

    Qui passa me ravir

    La rue était déserte

    Et les maisons taiseuses

     

                                   ©Ph Dagorne


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  • Un nœud de questions... Dix-neuf mois durant.

     

    Pénombre, clair-obscur

    Un départ sans esclandre,

    Solitaire, ton chagrin,

    Ta folie incomprise

    Ou ton choix respecté,

    Notre sidération

    Et pour nous, sans réponses,

    Nos questions…

     

    La tristesse infinie

    Et le deuil  impossible,

    Seuls les mots, tel un baume,

    Apaisant un instant,

    Le moment si fugace

    Où la plume caracole

    Sur la feuille aussi blanche

    Qu’un linceul…

     

    Il fait frais, il fait sombre,

    J’en ignore le lieu,

    Tu avances et tu passes

    Le visage et la tête

    En avant, malheureux,

    Tu te jettes et peut-être ;

    Un regret, un éclair,

    Des sursauts,  juste un râle

    Et plus rien…

     

    Ou alors, monotones

    Les fredons de la ville,

    Innocente insolence,

    En bourdon continu,

    Juste pour souligner,

    Cœur désormais figé,

    Une vie arrêtée,

    Celle de mon garçon…

            ©Ph Dagorne


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