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Il y a ceux qui jugent,
Il y a ceux qui jasent,
Et ceux qui vous évitent.
Ceux qui ne savent pas,
Ou bien qui croient savoir
Mais, qui inventent tout.
N’oublions pas non plus
Les curieux, les voyeurs.
Autant d’ombres tenaces
Quand très modestement,
Se terrent ceux qui souffrent.
Ceux-là, sont ceux qui restent,
Qui pleurent chaque jour.
Il est aussi des âmes
Sincèrement peinées,
Celles qui compatissent
Même vous accompagnent.
Ce deuil est à ce prix
Et sa charge mentale
Imprègne chaque instant.
Une marche harassante,
Sous un soleil de plomb
Et, dessous nos pieds nus,
Simplement de la braise.
Avancer, néanmoins,
Avec ce sentiment
De traquer des fantômes
Insondables et absents.
Néanmoins, obstinés,
Partir à leur recherche,
Cette chasse insensée,
L’introuvable mystère.
Cependant, malgré tout,
Ne pas se résigner,
De toutes les manières,
Ce qui nous reste à vivre,
Ce futur inconnu
Sera assurément
Bien plus que cabossé.
Il n’est pas interdit
D’espérer l’illusoire…
Lors, tenter de comprendre
Cet incompréhensible,
Tenter de découvrir
L’inscrutable secret,
Qui n’est, si ça se trouve,
Qu’un fallacieux mirage,
Une croyance humaine,
Une malédiction,
Une quête impossible.
Mais encore et encore,
Toujours persévérer
Pour pouvoir avancer…
Et, si cet inconnu
N’était pas le néant ?
©Ph Dagorne
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Tenter d’imaginer
Mais sans la moindre foi,
Que l’absent nous précède
Et nous protège encore.
Autant griffer le bois
D’un cercueil introuvable,
En glisser le couvercle,
Froisser son capiton,
Se remettre debout.
N’être qu’un mort-vivant
Giflé de pluies funèbres,
Vêtu de grises brumes,
Quand l’effet se confond
Aux voiles de la bruine.
Lors traverser les heures,
Les jours, les mois, les ans,
Passager clandestin
D’une inique croisière,
S’inventer un Éden,
Une pièce à côté,
Ou bien désespérer.
C’est tout cela le deuil…
Être là, sans présence,
Juste pour continuer,
Juste pour faire semblant
Que la vie se poursuit,
Quand au fond de son âme,
La mort, infâme garce,
S’est déjà invitée
Et veille, yeux mi-clos,
En devinant sournoise
Sa prochaine fortune.
Voilà vingt ans, maman,
Que tu pris ton envol
Et aussi seize mois
Que ton petit garçon
Qui te rendait si fière
Choisit sans prévenir
D’embarquer solitaire,
Là, où l’on va après,
Vers cette abstraite rive,
Peut-être sans substance…
Vous êtes vous trouvés ?
Papa est-il présent ?
Et nos autres parents
Mais aussi nos amis
Qui chaque année s’en vont ?
Viendra bien notre tour
D’appareiller aussi.
À cette heure funeste,
D’autres prendront le deuil.
Cependant, je vous jure,
J’aimerais tellement
Ne chagriner personne.
C’est à ce moment-là,
J’y pense si souvent
Que nous saurons,
Ou pas…
©Ph Dagorne
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Distrait, je vagabonde,
Le ciel, ce grand cossard
A ouvert sa fenêtre
« Hé ! Bonjour le soleil !
Mais c’est donc à cette heure
Que tu pointes ton nez ?
Honte à toi mon ami,
La nature est inquiète
Et le blé n’est pas mûr.
L’océan est frisquet
Et le sable mouillé.
Les touristes s’en vont
Et les plages sont tristes.
Que me dis-tu ? Tu boudes ?
Comment ? Parle plus fort ! »
« Marre d’être blâmé
Et rendu responsable
Chaque année davantage
De ce réchauffement
Qui condamne la terre ?
Je ne suis pas coupable,
Moi, je n’ai pas changé
Mais ce sont bien les Hommes,
Tristes apprentis sorciers,
Qui troublent l’atmosphère.
Les siècles à venir
Risquent bien mon garçon
De se passer de vous.
Je n’y serai pour rien,
Je me contenterai
D’illuminer le ciel.
C’est à saute-nuages
Que je continuerai
Chaque jour à jouer
Et je me souviendrai
Combien vous, petits d’Hommes,
Fûtes inconséquents… »
©Ph Dagorne
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Sur la sente des heures
Qui serpente sans but,
La lune se promène
Et balade indolente
Sa jaunasse lueur
Sur les toits endormis.
Elle est pleine, elle est ocre
Et pourtant dites-moi !
Ce n’est pas le soleil
Qui a pu tous ces jours
La dorer à ce point ?
Elle a convié ce soir
Ses amis de la nuit,
Météores et planètes,
Astres, étoiles et comètes.
Mais voilà que soudain
Au grand bal du solstice
De contrariantes brumes
Et même des nuages
Chastement la recouvrent…
Bien-sûr ! La belle est nue…
©Ph Dagorne
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La course de mes nuits
Une à une immuables
Leur silence
Leur mystère
Leurs douleurs
Leurs brouillards
Leurs rêves indomptables
Maladroits funambules
Sur la corde d’un fouet
Parfois imaginer
Que l’on puisse entre-deux
Se repaître vivant
Du pieux chœur des étoiles
Interprète mutique
De cette ode à l’espoir
Partition impromptue
Aux échos sublimés
Possiblement l’entendre
Dessillement ultime
Murmurer à mon âme
Quelque révélation
Signerait ma démence
Vaines hallucinations
Qui me laissent au matin
Inconsolable et nu
Sur le ventre tiédi
D’une rive sans port
©Ph Dagorne
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