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Dix-sept ans sont passés
Pareils au vent
Pareils au temps
Sans résistance
Furtivement
Incognito
Un souffle
Et s’enfuit
Une génération
Dix-sept années déjà
C’était un treize
Nombre maudit
C’était juillet
Tout imprégné
De chaleurs fauves
De pins qui craquent
Et des fragrances tièdes
De tes fleurs
Assoiffées
Pourtant j’eus froid
Juste vêtu
De mon chagrin
De ma révolte
Je redevins
Ce bel enfant
Que tu portas
Peur d’être seul
Et peur du noir
Temps d’un soupir
À tout jamais
Tu refermas ta porte
Je n'oublie pas
Ni me console
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Une bien douce brise
Peignait le ciel en bleu
Entre les courbes exquises
De nuages moelleux.
Par vives ébouriffures,
La mer s’en abreuvait,
Fouettant le bel azur
D’un blanc et fin duvet.
Sur ce rideau offert
Le soleil, lui, glissait.
Long rocher florifère
L'île se prélassait.
Symphonie immobile,
Les vallons pour creusets,
Des parfums volubiles,
À cette heure, explosaient.
Près d’une onde turquoise,
Des mouettes somnolaient
Parmi la lande rase,
Fleurée de serpolet.
Tout était calme et tiède,
L’on entendait parfois,
Au cœur de la pinède,
Soudain craquer le bois.
Seule une cascatelle
Sur les roches d'airain
Mêlait sa tarentelle
Aux murmures marins...
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Il chuchote
Il ronronne
Il me souffle
Il se glisse
Dans la chaleur des draps
Complète obscurité
Qui sied aux craquements
Et qu’hante insolent
Le pouls
Du balancier
Il chuchote
Il ronronne
Il me souffle
Il murmure
Petit chat
De mes nuits
Blotti tout contre moi
Je l'écoute
Que peut-il me conter?
Ses captures du jour?
Ses amours contrariées?
Son bonheur d'être là?
Il chuchote
Il ronronne
Il me souffle
Il m’apaise
Petite boule tiède
Ennemie déclarée
De mes pires
Insomnies
Il vient m’offrir sa patte
Comme pour me transmettre
Une force secrète
Il chuchote
Il ronronne
Il me souffle
Il me calme
Je crois qu'il me console
Je crois qu'il me guérit
Il est bien
Il a chaud
Je suis bien
Et j'ai chaud
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Il est là le printemps
Nappe bleue sans un pli
Jusqu’au trait d’horizon
Taffetas pétulant
Constellé de dentelles
De la poussière d’or
En collines tranquilles
Oyats ébouriffés
En pleine révérence
Et mille fleurs encore
Que l’on voit y éclore
Autant d’oiseaux peut-être
Commensaux de la grève
Dont les nids délicats
Si patiemment tissés
Pépient discrètement
Il est là le printemps
En habits de dimanche
Ciel d’azur sans nuages
Et sa mer apaisée
Un soleil qui se marre
Des vagues dissipées
L’évanescente écume
En voile de mariée
Émouvantes épousailles
Les cloches ont laissé place
Aux carillons marins
Une foule invisible
Se presse là sans bruit
Au souffle de la brise
Qui dans la nuit qui sait ?
S’évanouira comblé
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Quand l'ombre de la faux
Vint ce funeste jour,
À tout jamais pour nous,
Éteindre ton regard.
Quand l'ombre de la faux,
Dans ta chambre anonyme,
Balaya les murs blancs
Que tu vis disparaître.
Quand l'ombre de la faux,
Dans son silence lourd,
M'interdit ce dix mai
De te dire au revoir.
Quand l'ombre de la faux
Arrêta ton vieux cœur,
T'offrant à nous, figé,
Sur ton lit d'hôpital.
Quand l'ombre de la faux,
Tout au fond du couloir,
Sournoise s'échappa,
Par la porte entrouverte.
Quand l'ombre de la faux
Qui ne m'attendit pas
Reviendra, je le sais,
À mon tour, serai prêt...
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